Initié en 2013, le projet de gazoduc « Midcat » passant par les Pyrénées est définitivement enterré, en raison des réticences de la France. Un nouveau projet a permis d’accorder l’hexagone à l’Espagne et au Portugal. Baptisé « BarMar », le tube sera cette fois sous-marin et conçu pour pouvoir transporter aussi bien du gaz méthane que de l’hydrogène.

Dans le contexte de la crise du marché de l’énergie et de la guerre en Ukraine menaçant l’approvisionnement en gaz, l’Union européenne tente d’opposer un front commun. Et pour cela, le développement des interconnexions, électriques comme gazières, permet de renforcer la solidarité entre les États, à l’approche d’un hiver qui s’annonce tendu dans le secteur de l’énergie.

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Les raisons de l’abandon du projet Midcat

Malgré l’insistance espagnole et portugaise, la France n’a pas cédé sous la pression et a rejeté le projet d’interconnexion Midcat qui devait relier le sud de l’Espagne à la France via les Pyrénées sur 190 kilomètres. Les raisons officielles de l’opposition française étaient le coût environnemental et financier du projet.

Ce projet avait été initié en 2013 puis abandonné en 2019. L’Espagne et le Portugal avaient tenté de le remettre sur la table dans le contexte particulier de la crise énergétique, en vain. La France avançait que la durée des travaux ne permettait pas d’apporter une réponse immédiate à la crise actuelle du secteur de l’énergie.

L’idée était non seulement d’acheminer du gaz algérien vers la France, mais également du gaz naturel liquéfié (GNL) déchargé dans les ports ibériques importés du Nigeria, du Qatar et même des États-Unis, vers l’Europe centrale. L’Allemagne, fortement dépendante du gaz russe, est très intéressée par cette nouvelle source d’approvisionnement. Le pays a donc aussi fait pression sur la France aux côtés de l’Espagne et du Portugal.

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Une interconnexion compatible avec l’hydrogène

Finalement, un terrain d’entente a été trouvé autour d’une nouvelle installation. « BarMar », pour « Barcelone – Marseille », sera une interconnexion sous-marine reliant la capitale catalane aux installations gazières de la métropole phocéenne. L’accord entre les trois pays vient tout juste d’être trouvé et le projet n’en est qu’à ses balbutiements.

Cette nouvelle liaison devra remporter plusieurs défis techniques. Outre la grande profondeur de la Méditerranée, le gazoduc devra être compatible avec l’hydrogène et le biométhane, qui remplaceront à terme le gaz fossile et pourront être mélangés en diverses proportions. Une interconnexion électrique pourrait également accompagner l’installation.

Derrière la communication « verte » sur ce projet, il est toutefois fort probable que la principale ressource transportée dans le gazoduc reste du gaz fossile. L’Espagne et le Portugal cherchent surtout à valoriser leurs terminaux méthaniers. Les dirigeants des trois pays ont prévu de se réunir en décembre 2022 pour établir un calendrier plus précis.

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