Une équipe internationale de chercheurs dirigée par le Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK) a étudié différents scénarios de transition énergétique visant une décarbonation complète du secteur de l’énergie en 2050. Ils ont constaté que le recours massif aux énergies éolienne et solaire était non seulement la meilleure solution pour l’environnement et le climat mais aussi pour la santé humaine. Cette solution permettrait de réduire de plus de 80 % les impacts négatifs de la production d’énergie sur la santé.

Nous savons que l’utilisation des énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon) n’est pas seulement responsable des changements climatiques : la pollution de l’air que leur combustion engendre provoque aussi de nombreuses conséquences néfastes pour la santé humaine. Des études récentes ont notamment révélé que cette pollution serait, chaque année, à l’origine d’environ 9 millions de morts prématurées dans le monde, dont 800.000 en Europe.

Différents scénarios de transition peuvent mener à l’abandon complet des énergies fossiles d’ici 2050 pour l’approvisionnement de l’humanité en énergie. Les chercheurs du Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK) en ont étudié trois. Le premier envisage de recourir principalement aux énergies solaire et éolienne, un deuxième repose sur le captage et le stockage de carbone combiné à l’utilisation de biomasse et d’énergies fossiles, et le troisième examine les effets d’un mix de différentes technologies.

Pour chacune de ces simulations, les scientifiques ont examiné l’influence globale des technologies considérées, pendant tout leur cycle de vie, en tenant compte non seulement des émissions directes des moyens de production, mais aussi de l’empreinte due à l’extraction et à la transformation des minerais, des minéraux et des combustibles nécessaires à leur construction, leur exploitation et leur démantèlement, sans oublier de tenir compte des surfaces et des terres qu’elles mobilisent.

« Nous avons constaté que le meilleur choix à la fois pour, l’environnement, le climat et la santé humaine repose principalement sur l’énergie éolienne et solaire », explique Gunnar Luderer, l’auteur principal de l’étude. « La santé humaine est l’un des grands gagnants de la décarbonation : le « shift » vers une production d’électricité à partir d’énergies renouvelables pourrait réduire de 80% les impacts négatifs sur la santé. Ce bénéfice est principalement obtenu grâce à la réduction de la pollution atmosphérique due à l’utilisation de combustibles. En outre, les approvisionnements en ressources pour l’éolien et le solaire sont beaucoup plus propres que l’extraction de combustibles fossiles ou l’utilisation de biomasse » ajoute-t-il.

A l’avenir, la pression sur les terres et les systèmes alimentaires augmentera

Les chercheurs ont aussi découvert que, dans tous les scénarios, les exigences en matière d’utilisation des sols pour la production d’électricité augmenteront à l’avenir. L’énergie produite par la biomasse serait de loin la méthode la plus « avide » de terres pour générer de l’électricité. « Par kilowattheure d’électricité produite à partir de biomasse, il faut cent fois plus de surfaces fertiles que la surface nécessaire à la production de la même quantité avec des panneaux photovoltaïques », explique Alexander Popp, l’un des chercheurs du PIK. « Les sols fertiles sont une ressource limitée sur notre planète. Compte tenu de la croissance de la population mondiale, de ses besoins en énergie et en nourriture, la pression sur la terre et les systèmes alimentaires augmentera également. Notre analyse aide à comprendre les limites du recours aux énergies de la biomasse » précise-t-il.

En conclusion de leur étude, les scientifiques de Potsdam préviennent qu’un nouveau système énergétique basé sur l’éolien et le photovoltaïque aura des conséquences dont il faudra tenir compte : « Nous devons être conscients que la transition nous fera passer d’un recours massif aux combustibles fossiles à une production d’énergie utilisant davantage de ressources en terres et en minerais. Il faudra faire les bons choix pour limiter l’impact de ces nouveaux besoins sur d’autres considérations sociétales, tels que la protection de la nature, la sécurité alimentaire ou même la géopolitique », avertit Gunnar Luderer.

Lien vers un résumé de l’étude