Souvent décrites comme une source d’énergie chère, les éoliennes commenceraient à faire baisser notre facture d’électricité. C’est le résultat de plusieurs études, qui vont à l’encontre des idées reçues.

Un coût de production en baisse

Comme nous l’avons déjà relaté dans un article précédent, les performances des éoliennes sont en amélioration constante. Une meilleure gestion de l’effet de parc (effet de sillage), des rotors plus grands et mieux adaptés à la typologie de nos vents, des mâts plus hauts, un profilé de pales plus aérodynamique et une technologie en progression constante expliquent cette évolution, tant pour les éoliennes en mer que sur terre. En offshore, on parle à présent de turbines allant jusqu’à 13 à 15 MW de puissance, contre 7 à 8 MW aujourd’hui.

Le coût de l’investissement a, lui aussi, connu une baisse sensible au cours des dernières années. L’installation d’une éolienne terrestre coûte aujourd’hui un demi-million d’euros moins cher qu’un modèle semblable installé il y a dix ans.

Ajoutons à cela l’optimisation logistique et l’allongement de la durée de vie des éoliennes, et il devient aisé de comprendre pourquoi le coût de production du mégawattheure éolien est en baisse sensible.

Selon l’ADEME, le coût du MWh produit par une éolienne terrestre se situait en 2016 entre 50 et 79 €, alors que la production d’énergie nucléaire était déjà évaluée à un coût supérieur, pour une nouvelle centrale.

En 2017, l’APERe (Association pour la Promotion des Energies Renouvelables – Bruxelles) déclarait que « l’actuelle dynamique des prix démontre que les productions renouvelables sont- ou seront d’ici 2 ans – plus compétitives que les productions classiques. »

Et la même année, Bloomberg classait l’éolien terrestre devant le charbon, le gaz naturel et le nucléaire au niveau du coût du MWh produit. Seule la centrale au gaz en cycle combiné (CHP) présentait alors un coût légèrement inférieur (en-dessous de 60 €/MWh produit).

Le coût de l’investissement a subi une baisse sensible au cours des dernières années

Jusqu’à 30% de réduction en Australie  

En Australie, une étude menée en 2018 par le Pr. Bruce Mountain, du Victoria Energy Policy Centre, affirme que les énergies éolienne et solaire réduisent le prix de gros de l’électricité dans une proportion nettement supérieure au coût des subsides.

Ainsi, pour l’année comptable 2017-2018, l’étude met en évidence que les renouvelables ont réduit le prix de gros de l’électricité de 30%, soit à peu près 37$ australiens par MWh (environ 23 €/MWh), principalement grâce à l’éolien. Pendant cette période, le niveau de soutien à l’éolien s’élevait à 11$ australiens/MWh (environ 7 €/MWh).

Lissage des pics de consommation

La baisse du coût de production n’explique pas tout : une étude réalisée par le cabinet E-Cube, commandée par FEE, révèle qu’une injection massive de courant éolien dans le réseau électrique français fait mécaniquement baisser les prix du marché.

Quand les rotors des éoliennes tournent, les MWh qu’elles produisent remplacent des MWh produits par des centrales au coût marginal plus élevé du fait du prix de leur combustible.

Ce que l’on appelle dans le jargon le « merit order » (préséance économique) fera qu’une centrale moins coûteuse sera sollicitée en priorité, avant d’actionner d’autres centrales au coût marginal plus élevé. Mais ceci, indépendamment du fait que, lorsqu’il y a du vent, l’éolien bénéficie d’une priorité d’accès sur le réseau au détriment des autres filières non renouvelables. Et plus l’éolien se substitue à des filières coûteuses, plus sa valeur de substitution augmente.

Par ailleurs, les études démontrent que l’éolien contribue à lisser les pics de consommation.

En période hivernale, lors des pointes de consommation, l’appoint au nucléaire est fourni par l’hydroélectrique, le gaz, le fioul et le charbon. Mais l’étude démontre que l’éolien contribue à hauteur de 25% même par grand froid, car le quart du parc éolien tourne quasi en permanence. Et lorsque les parcs offshore seront construits, l’éolien verra sa capacité à contribuer aux pics de consommation considérablement augmentée.

Tout est une question de mix énergétique

L’étude d’E-Cube ne précise néanmoins pas si l’impact de l’éolien sur les prix du marché restera positif quel que soit son taux de pénétration.

Certaines sources affirment qu’au-delà de 20% de part dans le mix énergétique – l’éolien couvre actuellement 5,8% de la consommation nationale – , le réseau devra s’adapter et nécessitera des gros investissements pour raccorder ces sources de production décentralisées, ce qui peut entraîner un surcoût.

Mais d’autres sources prétendent que ce coût est surestimé : un réseau doit inéluctablement être entretenu et modernisé, quelles que soient les technologies utilisées pour la production d’électricité.

Une chose est sûre : la transition énergétique passe nécessairement par le développement de solutions de stockage, qui permettront progressivement de réduire la part des moyens de production d’électricité au coût marginal le plus élevé.