La première ferme éolienne offshore des Etats-Unis est entrée en service fin 2016 au large de l’île touristique de Block Island, sur la côte est. Une récente étude menée conjointement par l’académie nationale des garde-côtes et l’université de Rhode Island révèle que les pêcheurs amateurs, très nombreux dans cette zone touristique, sont globalement satisfaits de la présence des turbines. Selon eux, les eaux sont plus poissonneuses qu’auparavant.

Block Island est une île côtière du nord-est des États-Unis située à 13 km au large de l’État de Rhode Island. En été, c’est une destination touristique prisée, réputée pour ses plages, mais aussi pour la pratique du vélo, du camping, de la voile et de la pêche sportive. L’île abrite également un vaste site naturel protégé, utilisé comme aire de repos par les oiseaux migrateurs.

Malgré ces caractéristiques qui, en Europe auraient sans aucun doute entrainé de fortes oppositions locales, c’est là, à seulement 6 kilomètres du rivage, qu’a été construit le premier parc éolien offshore d’Amérique. Mises en production le 12 décembre 2016, les 5 turbines de 6 MW permettent de couvrir la consommation annuelle d’environ 17 000 ménages.

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La présence des éoliennes en mer est bénéfique

Block Island n’étant pas reliée au réseau électrique du continent, son millier d’habitants était auparavant alimenté par une petite centrale au fioul, laquelle est fermée depuis le raccordement de l’île au parc. Plus de 3 millions de litres de fioul par an sont ainsi économisés et les insulaires paient dorénavant leur électricité moins cher.

Quatre ans après la mise en service du parc, l’académie nationale des garde-côtes et l’université de Rhode Island ont mené une étude relative à l’impact de cette première ferme offshore des Etats-unis sur la pêche récréative dans la zone. Publiés dans la revue « Marine Policy », ses résultats témoignent d’une satisfaction globale des pêcheurs interrogés. La majorité estime en effet que la présence des turbines est bénéfique pour la pêche, les eaux étant, selon eux, plus poissonneuses qu’auparavant. La plupart considère également le parc éolien comme un important symbole de la transition vers les énergies vertes. Les pêcheurs se montrent toutefois inquiets quant aux potentielles restrictions de pêche qui pourraient être décrétées à l’intérieur et autour des parcs éoliens marins.

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Un habitat idéal pour certaines espèces

Tiffany Smythe, David Bidwell et Grant Tyler, les auteurs de l’enquête, recommandent dès lors de considérer les avantages de ces parcs sur la pêche lors des études d’incidence sur l’environnement qui seront menées pour les prochains projets de fermes éoliennes offshore.

Les conclusions de cette recherche confirment celles de travaux similaires menés en Europe dans les parcs offshore de la Mer du Nord. Les scientifiques de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique et ceux du centre Helmholz de recherche sur le littoral, en Allemagne ont par exemple révélé que certaines espèces de poissons semblent avoir découvert un habitat idéal autour des fondations des turbines. Des moules s’y sont d’abord installées et elles ont attiré leurs prédateurs naturels que sont crabes et poissons.

Les pêcheurs français pas convaincus

Malgré ces résultats convergents, les pêcheurs français ne semblent pas convaincus. Ceux du Comité départemental des pêches des Côtes d’Armor, par exemple, exigent l’annulation du projet de parc éolien dans la baie de Saint-Brieuc. Ils se disent même prêts à bloquer le démarrage prochain de la construction des 62 éoliennes prévues. « Les marins-pêcheurs (…) ne laisseront pas voir s’implanter un parc éolien au détriment de leur activité », ont-ils écrit dans un communiqué publié le 16 mars.

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