Le vent ne souffle pas en permanence. Tout le monde le sait. L’ennui, c’est quand les périodes sans vent se prolongent. Et des chercheurs estiment que cela pourrait arriver dans notre hémisphère nord avec le réchauffement climatique.
Une capacité installée de plus de 1 100 gigawatts (GW) et qui pourrait atteindre les 6 000 GW dès 2050. Déjà quelque 8% de l’approvisionnement mondial en électricité. Rien ne semble en mesure d’arrêter le déploiement de l’énergie éolienne. Pas si sûr, notent aujourd’hui des chercheurs chinois. Dans la revue Nature Climate Change, ils publient leur analyse d’un phénomène qu’ils estiment en plein développement, le phénomène dit de « sécheresse éolienne ».
À lire aussiUne baisse généralisée des vents en Europe menace-t-elle vraiment l’éolien ?Pour comprendre, rappelons que le vent est un déplacement d’air. Des zones de haute pression vers les zones de basse pression. Le tout résultant des températures inégales à la surface de notre Terre. Avec le réchauffement climatique qui ne frappe pas de la même manière toutes les régions du monde, les régimes de vent ont tendance à être modifiés. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), la vitesse moyenne du vent a ainsi légèrement diminué depuis les années 1980.
Et celles que les chercheurs appellent les « sécheresses éoliennes », ce sont des périodes prolongées durant lesquelles le vent ne souffle pas. Ou peu. De quoi réduire les possibilités de production d’énergie éolienne. Ça se produit déjà aux États-Unis, en Chine, au Japon. Et même en Europe. En Allemagne, par exemple, au cours de l’hiver dernier. Les prix de l’électricité ont alors explosé.
Selon les travaux des chercheurs chinois, ces situations de sécheresse éolienne pourraient se multiplier et s’allonger de 15% d’ici la fin de ce siècle dans une grande partie de notre hémisphère nord. Notamment sous nos latitudes moyennes. Y compris dans le cas d’un scénario de réchauffement modéré. L’étude évoque même des sécheresses éoliennes « prolongées » susceptibles de « menacer la sécurité de l’énergie éolienne mondiale ». Celles-ci pourraient se voir allonger en 20%.
Les chercheurs estiment par ailleurs que, quel que soit le scénario, d’ici 2100, 15% des éoliennes terrestres de l’hémisphère nord seront même exposées à un risque « grave » de sécheresse éolienne record. Des événements susceptibles de durer de 6 à 15 jours. Le phénomène serait dû au fait que l’Arctique se réchauffe plus vite que le reste de la planète. Et cela explique en partie au moins que l’hémisphère sud, lui, devrait voir la fréquence et l’intensité de ses sécheresses éoliennes diminuer.
À lire aussiPourquoi certaines éoliennes ralentissent par grand vent ?Pour atténuer ces effets néfastes du réchauffement climatique sur la production éolienne, pas de grand secret. L’idéal est de la combiner à d’autres technologies bas carbone comme le solaire, l’hydraulique, le nucléaire ou même l’éolien en mer – non visé par l’étude. Le stockage aura aussi son rôle à jouer. Tout comme les interconnexions entre pays. Les chercheurs soulignent en effet par exemple que les périodes de sécheresse éolienne au Royaume-Uni ont tendance à coïncider avec des périodes de forte production en Espagne.
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