L’Europe s’agace de la ferveur nucléaire en France


L’Europe s’agace de la ferveur nucléaire en France

La centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux / Image : Daniel Jolivet - Flickr CC, montage : RE.

Dix pays ont fait appel à la Suède pour sévir contre la France au sujet des énergies renouvelables. L’obstruction d’Emmanuel Macron et de son gouvernement empêcherait l’Europe d’adopter massivement les ENR.

Le mois dernier, la France s’opposait par surprise à la Renewable Energy Directive (RED). Cette dernière édicte l’ensemble des obligations que l’Europe veut imposer aux pays membres, notamment sur l’origine de la production d’énergie. Elle oblige par exemple à produire une certaine proportion d’énergie à partir de ressources renouvelables (éolien, solaire, hydraulique, biomasse…)

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Toutefois, pour conserver une majorité de nucléaire dans sa production d’énergie, la France avait réclamé des modifications au texte. Le pays souhaitait notamment pouvoir utiliser ses centrales nucléaires pour fabriquer de l’hydrogène bas-carbone, et le comptabiliser comme d’origine renouvelable. Des négociations tendues avaient eu lieu, car l’Europe a une liste précise des énergies qu’elle considère comme renouvelables. L’ensemble des acteurs semblaient avoir trouvé un compromis, mais la Suède a finalement acté un report du vote.

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Selon plusieurs diplomates, il semblerait que la France ait demandé un délai, malgré le compromis trouvé. « La loi a été prise en otage par des intérêts nationaux étroits », avait déclaré l’un d’entre eux au média Euractiv. Ce refus de la France de valider le projet a visiblement agacé une dizaine de pays membres de l’UE. D’après le site ENDS Europe, ils ont préparé un communiqué demandant de la fermeté à la Suède. Ils exhortent la présidence de l’Europe à ne plus écouter Paris et à valider la proposition telle qu’elle est actuellement.

Un article au cœur de la discorde

Le sujet de la discorde entre la France et les autres États se situe autour de l’article 22b de la directive. Celui-ci avait été ajouté pour permettre de déduire la quantité d’hydrogène vert produite grâce au nucléaire du quota d’énergies renouvelables à produire dans chaque pays. Le nucléaire étant ultra-bas-carbone, la France avait demandé d’inclure sa production utilisée pour l’hydrogène dans les quotas de renouvelable.

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Mais l’Europe s’en était inquiétée, focalisant uniquement sur le caractère renouvelable des énergies et non leur intensité carbone. Saluant « la victoire pour la considération de la puissance nucléaire » que représente l’article 22b, la France avait toutefois demandé des détails sur les modifications que souhaitaient apporter la Belgique et les Pays-Bas à cet article.

C’est pour cela que la France a demandé un délai supplémentaire avant le vote. Un représentant français proche du dossier a confirmé à Euractiv que des discussions étaient en cours avec la Suède. Certains soupçonnent la France de vouloir obtenir les moyens d’effectuer un retour en arrière sur ce texte. L’objectif d’Emmanuel Macron serait alors d’obtenir davantage de soutien au sujet du nucléaire. Néanmoins, le représentant de la France se veut rassurant et prédit que le vote aura lieu sous la présidence de la Suède. Celle-ci se terminant le 30 juin, les décisions devront rapidement arriver.

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