Moins de 4 g de CO2eq par kilowattheure : voici l’intensité carbone de la production électrique d’origine nucléaire en France, selon EDF. L’énergéticien national a publié une nouvelle Analyse du cycle de vie (ACV) qui conforte l’atome français dans sa position d’énergie ultra bas-carbone.

Quel-est l’impact de chaque mode de production d’électricité sur le climat ? Pour le savoir, il est nécessaire de réaliser une « Analyse de cycle de vie » (ACV). Il s’agit d’une étude qui détermine les émissions de gaz à effet de serre d’une filière en considérant l’ensemble de son cycle de vie. De l’extraction des ressources à la fabrication de la centrale, de la production d’électricité au traitement ou recyclage des déchets : tout doit être pris en compte.

Il existe des ACV pour chaque filière : solaire, éolien, gaz, charbon, biomasse, hydroélectricité et nucléaire. Elles peuvent même être affinées en fonction des technologies utilisées (par exemple, solaire photovoltaïque au sol ou en toiture, solaire thermodynamique) et de la localisation de la centrale. Ainsi, EDF a réalisé une ACV spécifique aux centrales nucléaires françaises, qui ont un fonctionnement moins carboné qu’ailleurs dans le monde.

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Le nucléaire français serait 3 fois moins émetteur qu’ailleurs

Publiée le 16 juin, l’étude annonce une intensité carbone de seulement 3,7 grammes d’équivalent CO2 par kilowattheure d’électricité produite par les centrales nucléaires nationales. Un record. Les précédentes ACV établissaient les émissions du nucléaire mondial à 12 g CO2eq/kWh selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). L’atome français était quand à lui évalué à 6 g CO2eq/kWh par l’Agence de la transition écologique (ADEME) et 5 g CO2eq/kWh par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA).

EDF explique avoir réalisé son étude sur la base du parc national de centrales nucléaires en service en 2019. Les deux réacteurs de la centrale de Fessenheim, définitivement fermée en 2020, ont donc été pris en compte. L’énergéticien a considéré une durée de vie de 40 ans pour chaque site.

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L’extraction de l’uranium, principal contributeur aux émissions

« Du minerai au déchet », EDF dit avoir analysé toutes les externalités liées à la production d’électricité d’origine nucléaire. Sa méthodologie et ses résultats sont résumés dans un document public de 40 pages. On y apprend notamment que l’étape la plus émettrice de gaz à effet de serre est le traitement de l’uranium dans les mines : 1,3 g de CO2eq/kWh sur le total de 3,7 g.

La construction des centrales représente la seconde source d’émissions : 0,6 g, devant le traitement du combustible usagé (0,5 g) et l’enrichissement de l’uranium (0,4 g). Contrairement à d’autres pays, la France enrichit localement son uranium grâce à l’ultracentrifugation, une technique nettement moins énergivore que la diffusion gazeuse. Ces conditions permettent à la filière électronucléaire nationale d’afficher un bilan carbone aussi bas.

L’exploitation des centrales, donc la production d’électricité en elle-même, est impliquée à hauteur de 0,3 g CO2eq/kWh. Leur déconstruction en fin de vie émettrait 0,1 g CO2eq/kWh, tout comme le stockage des déchets. EDF affirme avoir réalisé son étude en respectant les normes internationales ISO 14040 et 14044 encadrant les ACV. Cette dernière aurait également fait l’objet d’une « revue critique par un panel d’experts indépendants ».

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L’intensité carbone des différents modes de production d’électricité

Pour comparaison, l’ADEME considère les intensités carbone suivantes pour chaque mode de production d’électricité, sur l’ensemble de leur cycle de vie. Elle ne prend pour l’instant pas en compte l’ACV réalisée par EDF sur le nucléaire français.

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Filière

Émissions (g CO2eq/kWh)

Nucléaire (France)

6

Éolien (France)

14,1 à 15,6

Photovoltaïque (France)

25,2 à 43,9

Hydroélectricité (Monde)

10 à 13

Biomasse (Monde)

14 à 41

Gaz (Monde)

418

Fioul (Monde)

730

Charbon (Monde)

1 058