Avec l’explosion du marché photovoltaïque, les installateurs solaires pullulent. Hélas, des entrepreneurs malhonnêtes surfent sur le vague et font leur lot de victimes chaque année. Si vous êtes sur le point d’installer des panneaux photovoltaïques chez vous, voici quelques conseils pour éviter les arnaqueurs.

Chez les particuliers, une installation solaire dépasse souvent la dizaine de milliers d’euros d’investissement. Malgré ce prix, la filière connaît un essor sans précédent. Un contexte avantageux pour les artisans… et pour les escrocs. Malheureusement, en 2023, les arnaques aux panneaux solaires sont toujours monnaie courante. Travaux jamais réalisés, devis gonflés, installations bâclées voire dangereuses, matériel bas-de-gamme ou défectueux… tous les moyens sont usés par les fraudeurs afin de soutirer de l’argent à leurs victimes. Mais comment ne pas tomber dans leurs pièges ?

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Bien choisir l’installateur

Un installateur professionnel doit posséder les certifications RGE (Reconnu garant de l’environnement) et QualiPV. Ces labels constituent un premier gage de crédibilité en termes de professionnalisme. La certification RGE atteste le savoir-faire technique de l’artisan et assure que celui-ci travaille dans le respect de l’environnement. Elle ouvre par ailleurs des droits aux aides financières mises en place par l’État. La certification QualiPV atteste, quant à elle, les compétences du professionnel en matière d’installation solaire photovoltaïque.

Toutefois, si ces labels témoignent des savoir-faire et de l’engagement de l’artisan, ils ne garantissent en rien l’absence de toute mauvaise intention. Par conséquent, vous devez toujours prendre le temps de lire plusieurs avis et témoignages de clients sur les réseaux sociaux et sites d’évaluation indépendants. De plus, certaines sociétés se prévalent d’un partenariat avec EDF, TotalEnergies ou d’autres énergéticiens célèbres en vue de gagner la confiance de leurs clients. Si vous tombez sur l’une d’entre elles, n’hésitez pas à mener quelques vérifications sur la véracité de l’information. Contactez au moins 5 entreprises différentes afin d’obtenir plusieurs devis.

Examiner attentivement les devis

Les devis doivent impérativement être détaillés. En effet, la pratique préférée des entreprises malhonnêtes est de gonfler les tarifs sans décliner avec précision le coût du matériel et de la main d’œuvre. Un devis digne de ce nom devrait comporter trois grandes parties : le coût de chaque fourniture : panneaux, onduleur(s), câblages, coffrets, batterie éventuelle, etc…, le coût de la pose (main d’œuvre) et le coût des démarches administratives.

Concernant les équipements, vous êtes encouragé à vérifier les prix pratiqués sur le marché actuellement. Tenez compte de la marque des produits proposés par le prestataire, car certains, de très mauvaise qualité, peuvent être facturés au prix fort. L’origine géographique du matériel ne témoigne pas systématiquement de la qualité. Certaines marques chinoises fabriquent du matériel fiable. Comme pour le choix de l’artisan, il est important de lire des avis d’utilisateurs afin d’avoir une idée de la qualité des produits.

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Les frais de pose (main d’oeuvre) dépendent de la configuration prévue. Il existe deux principales sortes : ISB et IAB. Le système ISB ou « intégration simplifiée au bâti » est moins cher. Plus facile à réaliser, cette pose consiste à placer les panneaux en parallèle avec la toiture. Le système IAB ou « intégration au bâti » est, en revanche, beaucoup plus coûteux en raison de la complexité de sa mise en place. Comme son nom l’indique, il consiste à intégrer les panneaux dans la structure de la toiture. Pour les frais des démarches administratives, ils ne doivent jamais dépasser les 500 €.

Afin de mieux vous retrouver dans l’analyse du devis, voici les tarifs moyens hors primes d’une installation solaire, achat, pose et démarches administratives compris :

Puissance de l’installation Intégration ISB Intégration IAB
3 kWc 8 000 à 9 500 € 9 500 à 11 000 €
6 kWc 13 000 à 15 500 € 15 500 à 18 000 €
9 kWc 18 000 à 20 000 € 20 000 à 30 000 €

Si les tarifs proposés sont largement supérieurs à ces références, il vaut mieux se tourner vers un autre prestataire. Sauf remise justifiée, un tarif nettement inférieur peut également vous mettre la puce à l’oreille. Attention, ne comparez pas systématiquement les prix avec un coût en auto-installation. Évidemment, installer vous-même vos panneaux vous reviendrait beaucoup moins cher. N’oubliez pas le surcoût de la main d’œuvre.

Déceler les mensonges

Afin de persuader sa prochaine victime, l’arnaqueur tient souvent des propos mensongers ou enjolivés, en promettant une rentabilité record, des aides et subventions inexistantes ou ambiguës. Il sait appuyer ses arguments par des calculs et des données manipulées pour vous embrouiller. Très souvent, il justifie cette rentabilité élevée par l’accès à divers types de financements par l’État, l’autonomie totale et par l’abondance du surplus d’électricité vendable à EDF OA.

Grâce au simulateur Simul’aides de France Rénov’, vous pouvez simuler le montant des aides auxquelles vous avez réellement droit. Concernant la promesse d’une autonomie totale, cela devrait être une alerte pour vous. En effet, il est impossible de devenir autonome à 100 % grâce à une installation photovoltaïque, d’autant plus si elle est dépourvue d’une batterie de grande capacité. Dans les meilleurs des cas, le niveau d’autonomie atteint les 70 %. Enfin, pour ce qui est de la revente de surplus, il est également possible de l’estimer en passant par le simulateur gratuit d’EDF. Ci-dessous, on vous parle davantage de cet autre outil.

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Estimer son excédent de production d’électricité

Le simulateur d’EDF vous permet de simuler la quantité d’électricité produite par vos panneaux (autoproduction), la quantité réelle que vous autoconsommez (autoconsommation), et la consommation totale de votre foyer. Pour ce faire, l’outil tient compte de diverses variables telles que votre région, la surface de votre maison, le nombre d’occupants, la surface de votre installation solaire, etc. Le surplus de production est ensuite calculé grâce à cette formule :

Excédent (kWh) = quantité autoproduite (kWh) — quantité autoconsommée (kWh)

Afin de mieux comprendre, prenons un exemple concret. Voici les résultats d’une simulation effectuée pour le cas d’une famille de 4 personnes vivant dans une maison de 100 m² dans le sud de la France.

Dans cet exemple, voici ce que représentent les valeurs :

  • 4 060 kWh : la production annuelle de l’installation (autoproduction).
  • 11 100 kWh : la consommation annuelle du foyer.
  • 2 320 kWh : l’autoconsommation, qui représente aussi 57 % de l’autoproduction et 21 % de la consommation globale du foyer.

Pour connaître le surplus d’électricité annuel, il suffit d’appliquer la formule précédente, ce qui nous donne :

4 060 – 2 320 = 1 740 kWh

Il sera donc possible de revendre 1 740 kWh d’excédent par an. Le prix étant actuellement de 0,10 €/kWh (pour les installations de 3 à 9 kWc), le bénéfice est estimé à 174 € par an.

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Se méfier de certains crédits

Compte tenu de l’importance de l’investissement, certaines entreprises proposent parfois une offre comportant un crédit. L’escroquerie peut aussi se dissimuler derrière cette pratique, auquel cas l’installation revient finalement à un prix excessif. Prenez le temps de lire attentivement tous les documents et d’évaluer le taux d’intérêt. Certains escrocs dissimulent même un contrat de prêt dans le devis, d’où l’importance de ne jamais rien signer à la hâte.

Si jamais vous avez accepté une offre en ayant déjà signé un contrat, vous pouvez encore vous rétracter durant les 14 jours suivant la signature. Normalement, les travaux ne devraient pas commencer avant ce délai légal de rétraction.