Un navire de services qui peut se recharge en mer, en même temps qu’il procède à des opérations de maintenance sur un parc éolien. C’est l’innovation qu’une entreprise néerlandaise lance aujourd’hui sur le marché.
Les navires de services — ou SOV pour service operations vessel — sont des bateaux dont le rôle, comme leur nom l’indique, est d’apporter un service en mer. Il peut s’agir de remorqueurs ou de bateaux de sauvetage, mais aussi de navires de ravitaillement pour les plateformes offshores ou de maintenance et réparation pour les parcs éoliens en mer. L’immense majorité fonctionne avec des carburants traditionnellement utilisés dans la propulsion navale : fioul et diesel.
Dans l’idée de proposer une solution décarbonée pour ce genre d’opérations, la maintenance des parcs éoliens offshore, le Néerlandais Damen Shipyards Group a développé un navire de services électrique. Long de 70 mètres et pouvant transporter jusqu’à 40 techniciens, il est équipé d’une batterie de 15 MWh qui permet d’alimenter le SOV pour toute une journée. Mais ce bateau est non seulement électrique, mais aussi rechargeable en mer. Directement sur l’une des éoliennes du parc qu’il vient servir.
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Pour en arriver là, Damen Shipyards Group a travaillé avec le Britannique MJR Power & Automation. L’entreprise est spécialisée dans le développement de systèmes de recharge offshore. Notons d’abord que pour assurer l’efficacité et la sécurité du SOV, le choix a été fait d’opter pour une batterie lithium fer phosphate (LFP). Ce type de batterie est en effet réputé plus durable et moins sensible au risque d’incendie, notamment. Concernant le système de recharge en mer embarqué à bord du navire de services, les ingénieurs ont imaginé un connecteur et une passerelle à compensation de mouvement. Actionnée sans contact direct avec le système, elle offre également les garanties de sécurité indispensables à une telle opération. Et elle s’adapte aux infrastructures offshores existantes. De quoi réaliser en plus quelques économies. Le temps de charge est quant à lui estimé à quelques heures de production d’une éolienne.
Selon les calculs de Damen Shipyards Group, ce navire de services électrique rechargeable en mer deviendrait rentable au bout d’une période d’opération comprise entre 5 et 15 ans. Le tout dépendant des coûts d’investissement pour l’installation du chargeur et de la batterie et son remplacement, bien sûr. Mais aussi de beaucoup d’autres paramètres comme les coûts de l’énergie, le prix du CO2 ou encore les profils d’utilisation des navires et les temps de charge effectifs.
Damen Shipyards Group fait aussi savoir qu’en cas de besoin, son SOV dispose toujours d’une propulsion diesel de secours. Reste désormais à trouver des partenaires prêts à tenter l’aventure du navire de services électrique. Aussi bien du côté des développeurs d’éoliennes que de celui des exploitants de SOV.
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Y-a plus qu’à proposer cela au pêcheurs : kit retrofit pour chalutier et recharge gratuite au pied des éoliennes. Ainsi les éoliennes offshore pousseraient peut-être comme des champignons au large de tous les ports de pêche avec la bénédiction des pêcheurs… 😉