L’énergéticien national souhaite réaliser une extension de la station de transfert d’énergie par pompage-turbinage (STEP) de Montézic dans l’Aveyron. Un projet à 500 millions d’euros qu’EDF se dit prêt à démarrer dès le feu de vert de l’État.

Pour stocker de très grandes quantités d’électricité, la station de transfert d’énergie par pompage-turbinage (STEP) est aujourd’hui le système le plus éprouvé et économique. Ces usines hydroélectriques peuvent démarrer très rapidement afin de stabiliser le réseau national : elles « turbinent » lorsqu’il faut répondre à une hausse de la consommation d’électricité et « pompent » pour stocker les excédents de production par faible demande.

Dans un réseau où les énergies renouvelables variables (éolien et solaire) prennent de l’ampleur, les systèmes de stockage sont plus que jamais indispensables. La France dispose de 6 STEP sur son territoire, pour une puissance installée d’environ 5 GW. Érigées pour la plupart durant les années 1970 et 1980, leur mission d’origine était d’emmagasiner la production nocturne du parc nucléaire naissant. Depuis, aucun projet majeur de stockage d’électricité n’a été lancé dans l’hexagone.

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Montézic 2 : creuser une seconde usine sous la montagne

Les idées ne manquent pourtant pas. Dans l’Aveyron, EDF souhaite étendre la STEP de Montézic afin de porter sa puissance totale de 920 à 1 350 MW. Concrètement, une seconde usine souterraine composée de 2 groupes pompe-turbines serait creusée dans le prolongement de la caverne actuelle, qui accueille 4 groupes de 230 MW chacun.

Si le projet augmentera de 430 MW (soit + 47 %) la puissance du site, de quoi alimenter de 300 000 personnes selon EDF, sa capacité de stockage restera inchangée. Aucune extension du réservoir supérieur n’est prévue. De 40 heures aujourd’hui, son autonomie à pleine puissance sera donc réduite. L’énergéticien n’a pas souhaité nous communiquer davantage de détails techniques pour le moment.

Le projet chiffré autour de 500 millions d’euros pourrait être achevé à l’horizon 2030 si les travaux démarraient dès maintenant. « Aujourd’hui, côté EDF, on est prêts à appuyer sur le bouton de lancement des travaux, on attend juste un contexte réglementaire favorable » nous expliquait Caroline Togna, la directrice d’EDF Hydro Lot-Truyère, à l’occasion d’un reportage dans les entrailles de la STEP de Montézic à paraître sur Révolution Énergétique.

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La mise en concurrence des centrales hydroélectriques verrouille les projets

En effet, comme nous l’évoquions dans cette vidéo sur le projet de STEP à Redenat, EDF est déstabilisé par la mise en concurrence des concessions hydroélectriques imposée par l’Union européenne. En clair, si l’énergéticien lançait immédiatement les travaux d’extension de la STEP de Montézic, un concurrent pourrait lui ravir l’exploitation dès sa mise en service. Un risque inacceptable au regard du montant des investissements.

EDF pointait il y a quelques mois un « cadre réglementaire » et un « modèle économique » en France qui « peinent à faire émerger de nouveaux projets de STEP, en l’absence notamment de rémunération spécifique de la flexibilité ». « Nous progressons pour qu’un cadre propice au développement de cet outil de stockage et de flexibilité émerge » promettait l’énergéticien. Pour débloquer ces projets indispensables à la transition et souveraineté énergétique, l’État pourrait assouplir les contraintes européennes, en garantissant aux investisseurs un temps de rentabilisation minimum avant remise en concurrence des installations. Mais rien n’est fait pour l’instant, au plus grand plaisir des vendeurs de gaz fossile.

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