Le Zimbabwe occupe la deuxième place de l’Indice mondial des risques climatiques. Le pays souffre de sécheresse chronique et surtout d’une mauvaise qualité de l’eau. Pour lutter contre la pénurie d’eau, le gouvernement du pays, avec l’aide de nombreuses organisations, a mis en place des systèmes d’adduction d’eau alimentés à l’énergie solaire dans la capitale. Pour un pays qui ne manque pas de soleil, le pari semble prometteur, mais les résultats ne seraient pas à la hauteur faute d’organisation et de mauvais dimensionnement.

Confrontées à des pénuries d’eau, dues à la sécheresse qui frappe le pays depuis plusieurs décennies, les autorités du Zimbabwe, avec l’aide de la Banque africaine de développement (BAD), l’Unicef et différentes organisations internationales, telles que Oxfam, Welthungerhilfe, GOAL, Africa Ahead ou la Croix-Rouge, a mis en place, depuis novembre dernier, 61 systèmes d’adduction d’eau potable alimentés à l’énergie solaire dans la seule capitale Harare. Ce système devrait servir près de 850 000 nouvelles personnes en eau potable à partir de 164 forages réhabilités.

Techniquement, le système d’adduction comprend une source d’eau (puits ou forage), équipée d’une pompe mécanique qui fonctionne à l’énergie solaire via des batteries. L’infrastructure est reliée à des cuves de stockage en hauteur, puis, au bout de la tuyauterie, à des fontaines publiques ou à des branchements individuels.

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Pour faire fonctionner la pompe à eau, l’installation est équipée d’un système photovoltaïque qui convertit les rayons du soleil en électricité, par le biais de panneaux solaires dimensionnés selon la norme de la Commission électrotechnique internationale CEI (61215). La conception des 61 systèmes d’adduction a été réalisée par des experts en fonction des quantités d’eau issues des 164 sources et du nombre d’habitants que doit servir chaque station, tout en assurant le traitement nécessaire pour obtenir la meilleure eau possible.

Des performances 30 % inférieures à celles promises

Il faut savoir, à ce sujet, qu’en septembre 2019, les autorités du Zimbabwe, accablées de dettes, avaient suspendu la distribution de l’eau, parce qu’incapables d’importer les produits chimiques nécessaires à la potabilisation, coûtant 3 millions de dollars par mois. Faute de paiement du dédouanement, les produits étaient restés bloqués à la frontière sud-africaine pendant des mois.

Enfin, même avec la nouvelle installation, dont la capacité optimale de production est évaluée à 704 millions de litres par jour, le Zimbabwe s’en trouve toujours dans l’incapacité de satisfaire la demande. Cette dernière est estimée à 800 millions de litres par jour, nécessaires à l’approvisionnement d’environ 4,5 millions d’habitants de la seule capitale Harare (soit 178 L/jour/habitant).

En réalité, la production actuelle ne dépasse pas 500 millions de litres par jour. Le système semble donc mal dimensionné et/ou insuffisament entretenu. Si les puits solaires peuvent être une solution pour résoudre la pénurie d’eau potable, ces systèmes nécessitent, comme tous, une maintenance rigoureuse.

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