Le PDG d’EDF Luc Rémont a annoncé il y a quelques jours vouloir accélérer la cadence dans la construction nucléaire du groupe pour atteindre entre 1 et 1,5 nouveau réacteur nucléaire chaque anné. Mais où seront-ils installés ?

Pour atteindre l’objectif de neutralité carbone, de nombreux pays dans le monde entendent s’appuyer sur l’énergie nucléaire, qui présente l’avantage d’être faiblement émettrice de gaz à effet de serre. À l’occasion du salon mondial du nucléaire civil (ou World Nuclear Exhibition) qui s’est tenu du 28 au 30 novembre 2023 à Paris, EDF a tenu à afficher son ambition de devenir le leader du nouveau nucléaire en Europe et dans le monde.

En effet, en marge du salon qui regroupait quelque 730 acteurs du nucléaire dans le monde, le PDG de l’énergéticien français, Luc Rémont a déclaré à plusieurs journalistes : « nous tablons sur une cadence accélérée de la capacité de construction des réacteurs de grande taille, pour aller de ce que nous avons aujourd’hui, c’est-à-dire un ou deux par décennie […] pour monter progressivement à 1, voire à 1,5 par an ». Cela se fera petit à petit sur cette décennie, pour parvenir au rythme souhaité lors de la décennie suivante. Les réacteurs « de grande taille » correspondent aux modèles traditionnels, par opposition aux nouveaux types de réacteurs plus petits, les SMR.

Un objectif ambitieux malgré les difficultés

Le rythme annoncé peut sembler élevé, quand on connaît les difficultés rencontrées par EDF sur la construction de ses EPR ces dernières années : déboires rencontrés sur le chantier de Flamanville, toujours en attente de mise en service, arrêts inopinés des EPR chinois et finlandais. Sans compter les difficultés rencontrées par le parc nucléaire français au cours des derniers mois ayant conduit à plusieurs arrêts inopinés et aux difficultés financières rencontrées par le groupe qui ont mené à la renationalisation d’EDF.

Mais le PDG d’EDF regarde le passé pour se rassurer. Il a ainsi rappelé que dans les années 1970/1980, EDF construisait 4 réacteurs par an. C’était une autre époque, alors que la filière du nucléaire tournait à plein régime, ce qui n’est plus le cas depuis ces dernières années. Luc Rémont mise justement sur les annonces du gouvernement qui entend relancer la filière avec l’annonce de la construction de 6 EPR + 8 autres en option. Les trois nouvelles paires d’EPR2 seront installés dans les centrales de Penly (Seine-Maritime), Gravelines (Nord) et Bugey (Ain).

De quoi rassurer le secteur qui va pouvoir embaucher. Cela permettra aussi d’organiser la chaîne d’approvisionnement pour construire des réacteurs en série. La filière montera donc en cadence avec le temps.

Un rayonnement sur le marché européen et international

Où seront les nouveaux réacteurs construits par EDF ? Le marché français est bien sûr concerné, mais pas seulement. Le groupe ambitionne de rayonner également sur le marché européen. À la suite du salon mondial du nucléaire civil, EDF a d’ailleurs publié un communiqué de presse dans lequel il indique avoir soumis des propositions pour la construction de réacteurs en Slovénie. Des accords de coopération ont également été signés avec la Pologne qui mise sur l’atome pour l’avenir et avec l’Italie. EDF a également candidaté pour la construction d’un EPR1200 en République tchèque.

L’énergéticien tricolore compte aussi sur l’international avec des accords de coopération signés avec plusieurs pays, dont le Canada et l’Inde. Justement en Inde, EDF reste dans l’attente d’une décision concernant la construction de 6 EPR pour la centrale de Jaitapur. C’est un projet qui est en cours depuis une quinzaine d’années, mais qui serait en train de s’accélérer depuis 2021.