L’EPR chinois de Taïshan, le tout premier à être entré en service en 2018, serait de nouveau dans la tourmente. Selon les informations du Canard Enchaîné, le réacteur subirait un nouveau problème d’oxydation, provoquant son arrêt depuis le mois de février.

Alors qu’il avait été remis en service au mois d’août dernier après une année sans fonctionner, le réacteur EPR n°1 de la centrale nucléaire de Taïshan, au sud de la Chine, est de nouveau à l’arrêt depuis le 31 janvier 2023. C’est en tout cas ce qu’a révélé le Canard Enchaîné dans son édition du 28 juin. Si ce nouvel arrêt était prévu pour remplacer le combustible du réacteur, il ne devait normalement durer qu’un mois.

Officiellement, selon Taishan Nuclear, opérateur du site, cet arrêt prolongé permettrait « d’engranger des données pour un fonctionnement stable à long terme ». Mais le Canard Enchaîné aurait appris que cet arrêt était en réalité lié à l’oxydation excessive de gaines enveloppant les crayons de combustible. Ces gaines, fabriquées par Framatome, sont constituées de zirconium et servent notamment à transmettre la chaleur dégagée par l’uranium à l’eau du circuit primaire. Taishan Nuclear aurait découvert qu’à l’usage, un frottement aurait tendance à légèrement abîmer ces gaines de combustible.

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Un phénomène non spécifique aux EPR ?

Ce phénomène ne serait cependant pas spécifique aux EPR. Ludovic Dupin, directeur de l’information de la Société française de l’énergie nucléaire, (SFEN) a déclaré au Canard Enchaîné qu’il fallait « comprendre ce qui se passe, pourquoi est-ce qu’il y a cette érosion que l’on a déjà constatée sur d’autres réacteurs dans le monde, ce n’est pas la première fois ».

En réalité, c’est un problème similaire qui avait entraîné l’arrêt du réacteur EPR n°1 de Taïshan en 2021, mais également de l’un des réacteurs de la centrale nucléaire de Chooz, dans les Ardennes. Le premier avait subi un arrêt d’une année entière tandis que le réacteur de Chooz avait été arrêté pendant 5 mois.

Si ce phénomène ne résulte pas de la conception ou de la fabrication des EPR, il s’agit tout de même d’un coup dur supplémentaire pour le déploiement de cette technologie. À l’heure actuelle, seuls le réacteur n°2 de Taïshan et le réacteur n°3 de Olkiluoto, en Finlande, sont opérationnels. Pour le moment, EDF, actionnaire du site de Taïshan à hauteur de 39 % et Framatome, fabricant de ces fameuses gaines, n’ont pas souhaité communiquer sur le sujet. Aucune date n’a été annoncée pour le redémarrage du réacteur.

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