L’association pronucléaire Les voix du nucléaire affirme s’être mis en sommeil depuis décembre 2023, dans l’attente d’investisseurs pour financer ses activités. Qualifié de « lobby du nucléaire », l’organisme était pourtant financé par de grandes entreprises du secteur.

Après des années de politique antinucléaire, notamment provoquée par la catastrophe de Fukushima en 2011 et le fiasco du chantier de l’EPR de Flamanville, l’atome a de nouveau le vent en poupe. Ce renversement de situation s’explique par les effets de la crise climatique, énergétique et l’objectif de neutralité carbone à atteindre d’ici 2050. Lors du discours de Belfort de février 2022, le président de la République a affirmé son intention de redynamiser la filière du nucléaire avec la construction de 6 EPR et la mise en œuvre d’une étude pour 8 EPR supplémentaires.

Une association pronucléaire fonctionnant avec 600 bénévoles

Tout ceci ne s’est pas fait sans l’influence de lobbys de l’énergie nucléaire, parmi lesquels Cérémé, PNC-France ou encore Les voix du nucléaire. Cette dernière a été créée en mars 2018 par Myrto Tripathi, une ingénieure ayant travaillé 10 ans chez AREVA. Cette association a pour but de promouvoir l’atome civil afin de l’intégrer dans la transition énergétique du pays.

L’organisme a par exemple proposé son propre scénario pour l’avenir du mix énergétique français. « TerraWater » bannit ainsi les énergies fossiles et prévoit une accélération non seulement du nucléaire avec 22 nouveaux réacteurs EPR2 entre 2026 et 2050, mais également du stockage par STEP. S’il soutient le développement immédiat des énergies renouvelables intermittentes, il souhaite leur réduction à long terme au profit d’un système reposant essentiellement sur du nucléaire, de l’hydroélectricité et des moyens de stockage de grande ampleur.

Fonctionnant grâce à des dons et l’action de ses 600 bénévoles, dont de nombreux ingénieurs, l’association en appelle désormais aux investisseurs afin de recruter des salariés et disposer de ses propres locaux. En 2021 par exemple, elle avait pu compter sur 123 505 € de dons et cotisations, provenant majoritairement des géants français de l’industrie électronucléaire Framatome (90 500 €) et Orano (10 000 €), d’après lobbyfacts. Selon un membre actif des Voix du nucléaire, aucun acteur ne se serait pour l’instant manifesté pour financer la croissance de l’association. « Le lobby du nucléaire, beaucoup le fantasment, mais nous-mêmes ne savons pas où il se trouve » affirme-t-il.

À lire aussi Stockage massif de l’électricité : un indispensable à la transition énergétique ?

Une association mise en veille

Dans l’attente de fonds, l’association a suspendu ses activités depuis le 18 décembre 2023. Dans un communiqué de presse du 20 décembre, l’association indique que ses six ans d’existence, appelées « la saison 1 », se clôture avec succès puisque le retour du nucléaire en France a été annoncé. C’est donc une « mission accomplie » pour l’association. Mais pour ouvrir le chapitre d’une seconde saison, un soutien financier devient nécessaire, afin de continuer à défendre le choix du nucléaire auprès des pouvoirs publics.