Plusieurs institutions ont réalisé des études pour envisager les perspectives énergétiques de demain. Mais toutes diffèrent radicalement. Certaines parient sur l’ultra-sobriété et le 100 % renouvelables quand d’autres souhaiteraient massivement investir dans le nucléaire. Pour y voir plus clair, Métawatt propose au public un outil centralisant tous ces rapports afin de les comparer.

Si l’énergie vous intéresse, vous lisez certainement les scénarios énergétiques régulièrement publiés par les institutions et des associations spécialisées. Parmi d’autres, L’ADEME, l’agence de la transition écologique a publié son analyse « Transition(s) 2050 » avec ses 5 scénarios : « génération frugale », « coopérations territoriales »,« technologies vertes (X2) » et « pari réparateur ». Le gestionnaire du réseau de transport d’électricité français RTE a également rendu public son « Futurs énergétiques 2050 » avec six scénarios. Il existe aussi l’étude « TerraWater » de l’association Voix du nucléaire et bien entendu les scénarios établis par l’association négaWatt.

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MetaWatt : un outil pour comparer les scénarios énergétiques de demain

Toutes ces analyses visent à définir différentes trajectoires pour parvenir à la neutralité carbone en 2050. Mais au-delà du fait que cette documentation est assez dense, il n’est pas forcément facile de prendre de la hauteur et de les comparer. C’est ce que Thimothée Jaussoin propose avec son outil Metawatt. Ce développeur web écologiste propose un site internet à visée pédagogique qui apporte une information très claire sur le sujet. Déjà, sous l’onglet « scénarios », l’internaute trouvera des liens pour accéder à chaque rapport utilisé par l’outil. Il s’agit de ceux précités dans cet article.

Ensuite, la rubrique « Énergies » permet de visualiser l’articulation des énergies dans les différents scénarios. Deux grands thèmes sont traités : la production électrique et son stockage (STEP et hydrogène). Metawatt précise qu’il « compile et compare les production, capacité et facteur de charge des différentes sources d’électricité des scénarios ». Sont ainsi abordés l’hydraulique, l’éolien terrestre et marin, le photovoltaïque, le nucléaire et le nouveau nucléaire, le gaz en réseau, le pétrole, le charbon, la biomasse et l’hydrolien.

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Comparer en un clin d’œil grâce aux graphiques

Par exemple, pour l’éolien terrestre, l’outil propose un graphique sur lequel la capacité déployée dans le temps est notée pour chaque scénario étudié.  Les codes couleurs propres à chaque institution permettent d’avoir une vision des trajectoires envisagées jusqu’en 2060 et de pouvoir les comparer. On voit ici que ce sont les scénarios S2 et S4 (en vert) de l’ADEME qui sont le plus élevés avec un parc éolien déployé en 2060 de 90,7 GW. Le plus faible est celui de TerraWater avec 30,5 GW la même année. Le graphique est très parlant et permet d’effectuer une comparaison en un coup d’œil. Pour avoir les données chiffrées, il faut ensuite passer la souris sur chaque courbe.

Évolution des émissions de carbone de la production électrique en France selon les différents scénarios / Metawatt.

Enfin, une dernière rubrique mesure la production électrique totale selon chaque étude. On voit ainsi que selon le scénario choisi de l’ADEME, la production d’électricité en 2050 sera très différente. Ainsi, selon le scénario S1 intitulé « génération frugale », 426,12 TWh d’électricité seront produites en 2050. Avec le scénario S4, « Pari réparateur », ce sont plus du double avec 944,24 TWh qui seront produites à la même date. Il s’agit des deux extrêmes et l’ensemble des autres études se situent dans cette fourchette (558 TWh selon negaWatt 2022, 807,6 TWh selon TerraWater, par exemple).

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Quel impact sur les ressources ?

Cette rubrique étudie également « l’impact en ressources ou sur l’environnement des différents scénarios compilés par Metawatt ». L’impact carbone est ainsi mesuré pour chaque scénario, ainsi que l’usage de sols et des surfaces (occupation des sols et imperméabilisation).
La mobilisation des ressources est aussi passée au crible : cuivre, molybdène, chrome, manganèse, nickel, béton, acier et aluminium.
Enfin, le recours aux combustibles et carburants est également examiné pour chaque trajectoire.

Ainsi, on peut apprendre que le scénario de RTE intitulé M23 nécessitera la mobilisation de 48 444 tonnes d’acier en 2060 alors qu’à la même date, celui de TerraWater se limitera à moins de la moitié (21 492, 6 tonnes). Un outil bien pratique pour nourrir notre réflexion sur les perspectives énergétiques de la France et les moyens de faire évoluer notre système pour respecter nos engagements environnementaux.

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