En mer comme sur terre, les parcs éoliens sont toujours installés dans un gisement de vent favorable. Il existe toutefois d’importants écarts de performances entre les différents parcs. Certains bénéficient de conditions météo exceptionnelles, comme la ferme éolienne flottante d’Hywind en Écosse.

Imaginez : alors que les parcs éoliens en mer européens délivrent en moyenne 38 % de leur puissance maximale, celui d’Hywind Scotland (Écosse) tourne 54 % du temps à pleine vitesse. C’est d’autant plus considérable lorsqu’on compare ce champion aux éoliennes terrestres, dont le facteur de charge plafonne à 23,5 %. Mais avant tout, qu’est-ce qu’un facteur de charge ?

Ce terme désigne le rapport entre la production réelle d’un générateur électrique et la production qu’il aurait eu s’il avait fonctionné en continu à 100 % de sa capacité sur une période donnée. Prenons l’exemple d’une centrale de 100 MW de puissance tournant à plein régime durant 12 heures et à 25 % pendant 12 heures suivantes.

Alors qu’il aurait pu produire 2 400 MWh s’il avait fonctionné à pleine puissance durant 24 heures, il n’a produit que 1 500 MWh. Son facteur de charge est ainsi de 62,5 %.

Facteurs de charge de l’éolien terrestre, en mer et celui d’Hywind Scotland et variations du facteur de charge de l’éolien en Europe entre 2018 et 2021./ Infographies : Révolution Énergétique.

Un climat local épouvantable mais favorable à l’éolien

À 25 km au large de Peterhead (nord-est de l’Ecosse), le parc éolien flottant Hywind Scotland revendique le facteur de charge de 54 %, le plus élevé d’Europe et peut-être même de la planète. Premier parc éolien flottant en service commercial au monde, Hywind est composé de 5 turbines Siemens SWT de 6 MW.

Il totalise 30 MW de puissance et produit annuellement autour de 142 000 MWh, soit l’équivalent de la consommation de 30 200 foyers français, eau chaude et chauffage compris.

Le parc a été mis en service en 2017 dans une zone où la profondeur s’établit en moyenne à −107 m. Une bathymétrie incompatible avec l’éolien en mer « posé ». Pour aller chercher le gisement de vent exceptionnel à l’origine du séduisant facteur de charge d’Hywind, il a fallu faire appel à la très couteuse et tout juste mature technologie de l’éolien flottant. Un système dont la robustesse est mise à rude épreuve dans cette zone à la météo épouvantable, puisqu’il affronte régulièrement des vagues d’une dizaine de mètres.

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5 éoliennes pour 300 millions d’euros

Equinor et Masdar, les deux propriétaires, ont dépensé 298 millions d’euros pour ériger les 5 turbines, soit un coût de près de 10 millions d’euros par mégawatt installé. C’est plus de 2 fois le tarif d’un parc éolien en mer posé et 10 fois plus cher qu’une éolienne terrestre, à puissance égale.

En contrepartie de cet investissement élevé, Hywind produit nettement plus d’électricité que la plupart des parcs éoliens de la planète. Malgré tout, sa production demeure relativement coûteuse, elle est estimée à 203 €/MWh sur l’ensemble de sa durée de vie. Un surcoût largement atténué grâce à un mécanisme britannique équivalent au mécanisme de garanties d’origines de l’Union européenne.

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