De nombreux parcs éoliens offshore sont actuellement en construction ou en projet en France. Mais où se situent-ils ? Quelles sont les caractéristiques et leur état d’avancement ? Révolution Énergétique fait le point sur l’ensemble des parcs éoliens en mer le long du littoral français.

[dernière mise à jour : 03/01/2023]

À l’horizon 2030, la France prévoit d’exploiter 17 parcs éoliens offshore. Plus de 700 turbines reparties dans la Manche, sur la façade Atlantique et en Méditerranée capteront les vents marins pour produire de l’électricité bas-carbone.

La puissance installée de l’éolien en mer atteindra environ 10 GW, sur un potentiel estimé à 80 GW pour les turbines « posées » et 140 GW pour les turbines « flottantes ». Dans ce dossier, vous trouverez les caractéristiques techniques et le suivi d’avancement de chaque parc, qu’il soit en projet ou en construction.

Carte des parcs éoliens en mer en France

Quelle différence entre l’éolien posé et l’éolien flottant ?

– L’éolien posé consiste à fixer les turbines sur le plancher marin. Cette technologie est la seule actuellement exploitée à grande échelle dans le monde, car elle est déjà éprouvée, plus simple et moins chère à mettre en œuvre que l’éolien flottant. Chaque éolienne est installée sur une fondation, qui peut être de type « monopieu » (tube métallique enfoncé dans le sol comme un clou), « jacket » (tour métallique à 3 ou 4 pieux enfoncés dans le sol) ou « gravitaire » (socle pyramidal en béton posé au sol). L’éolien posé est adapté à des profondeurs ne dépassant pas 50 à 60 mètres.

L’éolien flottant permet de déployer des turbines à des profondeurs bien plus élevées que l’éolien posé : jusqu’à 200 m voire au-delà en théorie. Le principe est simple : chaque éolienne est installée sur un flotteur qui est maintenu en position par des câbles reliés à des ancres ou corps morts posés sur le plancher marin. Plus coûteuse, cette solution est toujours en cours de développement. Les parcs pilotes permettront de tester la pertinence de cette technologie en conditions réelles.

Liste des parcs éoliens en mer et suivi de leur avancement

Ce tableau est interactif, vous pouvez classer les parcs en fonction de leurs caractéristiques.

Dans la Manche

• Parc éolien en mer de Dunkerque

Composé de 46 éoliennes posées sur des fondations « monopieu », ce parc développera une puissance de 600 MW. Il sera situé à 10 km au large de Dunkerque et s’étendra sur un périmètre 50 km² jusqu’à la frontière belge. Le projet est porté par la société « Éoliennes en Mer de Dunkerque », un consortium formé par EDF Renouvelables, Enbridge et Réseau de Transport d’Électricité (RTE). Son coût est estimé à environ 1 milliard d’euros pour une production annuelle de 2,3 TWh.

Démarré en 2019, le projet a clôturé le débat public en février 2021. Il est actuellement en phase de concertation post-débat public et d’obtention des autorisations. Il doit affronter l’opposition du gouvernement belge, qui souhaite déplacer le parc plus au large, à 17 km des côtes contre 10 km actuellement.

Ce dernier s’inquiète de l’impact esthétique sur le tourisme et économique sur les routes maritimes vers le port d’Ostende. Plusieurs associations et collectifs dont Vent Debout et la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) s’opposent également au parc. Le lancement du chantier reste prévu pour 2025 et sa mise en service en 2027.

• Parc éolien en mer de Dieppe – Le Tréport

Composé de 62 éoliennes Siemens Gamesa de 8 MW posées sur des fondations « jacket », ce parc développera une puissance de 496 MW. Il s’étendra sur un périmètre de 110 km² à 15,5 km au large du Tréport et à 17 km de Dieppe. Le projet est porté par la société « Éoliennes en Mer Dieppe Le Tréport », un consortium formé par Engie, Sumitomo, Energias de Portugal Renewables et La Banque des territoires. Son coût est estimé à environ 2 milliards d’euros pour une production annuelle de 2 TWh.

Lancé en 2019, le projet doit aujourd’hui purger 3 recours en justice déposés par plusieurs associations. En juillet 2020, un navire d’exploration en mission sur le périmètre du futur parc a notamment été visé par des tirs de feux de détresse provenant de navires de pêcheurs, dans le cadre d’une manifestation. Le 28 décembre 2022, le Conseil d’État a donné son feu vert aux travaux. Ils devraient débuter en 2024 pour mise en service autour de 2026.

• Parcs éoliens en mer de Centre Manche I et II

Ces deux parcs géants au large de Barfleur en Normandie développeront une puissance cumulée d’environ 2 500 MW (1 000 MW pour le premier et 1 500 pour le second). Ils seront installés à une distance des côtes plus élevée que la plupart des projets actuels : au moins 32 km pour Centre Manche I et 45 km pour Centre Manche II. Malgré cet éloignement, la profondeur autorise l’utilisation de fondations posées, dont la technologie n’a pas encore été déterminée (monopieu, jacket ou gravitaire).

Situés côte à côte, les deux projets s’étaleront sur une surface totale de 520 à 550 km². Plus de 100 éoliennes y seront installés, pour une mise en service prévue entre 2028 et 2031. Leur coût cumulé est estimé entre 4 et 5 milliards d’euros. Le parc de Centre Manche I est le plus avancé : la phase du débat public est terminée et l’État dévoilera l’opérateur retenu à l’issue de l’appel d’offres fin 2022. En parallèle, le parc de Centre Manche II mène actuellement sa campagne de concertation, qui sera clôturée mi-mai 2022.

• Parc éolien en mer de Fécamp

Composé de 71 éoliennes Siemens Gamesa de 7 MW, le parc de Fécamp est le seul à utiliser des fondations de type « gravitaires ». Il fait partie des 4 parcs offshores français en cours d’installation. D’une puissance installée de 498 MW, il s’étendra sur un périmètre de 60 km² à 13 km au large de Fécamp. Le projet est porté par la société « Éoliennes offshore des Hautes Falaises », un consortium formé par EDF Renouvelables, Enbridge et WPD. Son coût est estimé à environ 2 milliards d’euros pour une production annuelle de 1,8 TWh.

Les travaux ont débuté en juin 2020. Les 71 fondations gravitaires en béton qui accueilleront les éoliennes ont été fabriquées sur le port du Havre à partir de décembre 2020. Leur installation en mer s’est achevée le 17 septembre 2022. Le câblage inter-éoliennes a débuté en novembre 2022. Les turbines seront érigées au premier semestre 2023 avant la mise en service, prévue pour novembre 2023.

• Parc éolien en mer du Calvados

Composé de 64 éoliennes Siemens Gamesa de 7 MW posées sur des fondations « monopieu », le parc offshore du Calvados développera une puissance de 450 MW. Il s’étendra sur un périmètre de 50 km² à 10 km au large de Courseulles-sur-Mer. Le projet est porté par la société « Éoliennes offshore du Calvados », un consortium formé par EDF Renouvelables, Enbridge et WPD. Son coût est estimé autour de 1,8 milliard d’euros pour une production annuelle de 1,5 TWh.

Le chantier a démarré en mars 2021 par les travaux de raccordement à terre. En novembre 2021, l’opérateur a lancé la construction de la base de maintenance sur le port de Caen-Ouistreham. Il a dû réaliser une campagne de déminage afin de retirer les explosifs datant de la seconde guerre mondiale potentiellement présents sur le périmètre du parc. À terre, le raccordement électrique a été achevé le 19 octobre 2022. La mise en service du parc éolien en mer du Calvados était initialement prévue pour la fin 2024. Elle a été repoussée au 3ᵉ trimestre 2025 en raison d’une pénurie de navires spécialisés dans l’installation d’éoliennes en mer et de ruptures dans la chaîne d’approvisionnement en matériaux.

Sur la côte Atlantique

• Parc éolien en mer de Saint-Brieuc

Composé de 62 éoliennes Siemens Gamesa de 8 MW posées sur des fondations « jacket », le parc offshore de Saint-Brieuc développera une puissance de 496 MW. Il s’étendra sur un périmètre de 75 km² à 16,3 km au large du Cap Fréhel. Le projet est porté par la société « Ailes Marines », une filiale à 100 % de l’énergéticien espagnol Iberdrola. Son coût est estimé à 2,4 milliards d’euros pour une production annuelle de 1,82 TWh.

Bien qu’avancé, le parc offshore de Saint-Brieuc fait partie des plus contestés en France. Le chantier d’installation démarré durant l’été 2021 a fait l’objet d’importantes manifestations de pêcheurs. Les travaux ont été brièvement suspendus en juin 2021 suite au déversement accidentel d’huile minérale provenant du navire de forage « Aéolus ». Courant 2022, la pose des fondations s’est poursuivie, ainsi que l’installation de la sous-station électrique et les opérations de câblage et raccordement. Les éoliennes seront érigées mi-2023 pour une mise en service à la fin de l’année.

• Parc éolien en mer de Groix – Belle-Île (projet pilote)

Composé de 3 turbines Vestas de 9,5 MW, le parc pilote de Groix – Belle Île est destiné à tester la technologie de l’éolien flottant. Les éoliennes seront placées sur des flotteurs semi-submersibles en acier ancrés aux fonds marins. Le parc s’étendra sur un périmètre de 14,4 km² à 22 km au large de Quiberon. Le projet est porté par la société « Éoliennes flottantes de Groix et Belle-Île », un consortium formé par EOLFI, la Caisse des dépôts et Méridiam RCF.

L’installation devait débuter en 2021 pour une mise en service en 2022 ou 2023. Il semble toutefois que le chantier ait été retardé. L’éolien flottant étant une technologie nouvelle, chaque opération est unique. Le parc pilote servira à déterminer les meilleures techniques pour le déploiement d’un parc flottant bien plus vaste prévu au même endroit : celui de Bretagne Sud.

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• Parc éolien en mer de Bretagne Sud

Lancé par l’État en mai 2021, le projet de parc éolien flottant de Bretagne Sud développera une puissance de 250 MW. Il se situera sur un périmètre de 50 km² situé au même emplacement que le parc pilote de Groix – Belle-Île. La mise en service est prévue à l’horizon 2029. Un second projet prévoit d’y ajouter à terme 500 MW de puissance installée, soit un total de 750 MW. Le coût du projet est estimé entre 1 et 4 milliards d’euros, une fourchette très large liée aux incertitudes de la technologie flottante.

Le débat public lié aux deux projets s’est déroulé entre juillet et décembre 2020. En septembre 2021, l’État a désigné les 10 entreprises et groupes industriels qui seront autorisés à répondre à l’appel d’offres. Il s’agit de CIP – ENI, Éoliennes Flottantes Bretagne Grand Large (EDF Renouvelables – Maple Power), Elicio – BayWa r.ee, Equinor, Iberdrola, Ocean Winds (Engie – EDPR), RWE, Shell – Valeco (EnBW) – Éolien en Mer Participations (Caisse des dépôts et consignations), TotalEnergies – Green Investment Group – Qair, WPD – Vatenfall – BlueFloat Energy. Le lauréat sera dévoilé courant 2022.

• Parc éolien en mer de Saint-Nazaire

Composé de 80 éoliennes GE Haliade-150 de 6 MW sur fondations « monopieu », Saint-Nazaire est l’unique parc éolien offshore de France en service à ce jour. Situé sur un périmètre de 78 km² à 12 km au large de Saint-Nazaire, sa puissance s’élève à 480 MW

Les travaux ont débuté en 2019 et la base de maintenance a été achevée en 2020. La pose des fondations a débuté en octobre 2021 et s’est achevé en mars 2022 en même temps que les opérations de câblage. La première éolienne a été installée sur sa fondation le 14 avril 2022. Le déploiement des 80 turbines a été réalisé par le navire spécialisé « Vole au Vent», en embarquant 4 exemplaires à chaque rotation. L’opération a nécessité 24 heures pour chaque éolienne. Le parc éolien en mer de Saint-Nazaire a été progressivement raccordé au réseau à partir de juin 2022. Il est officiellement entré en service le 23 novembre 2022.

Le parc éolien offshore de Saint-Nazaire est réalisé par la société « Parc du Banc de Guérande », un consortium formé par EDF Renouvelables et Enbridge. Son coût est estimé à environ 2 milliards d’euros pour une production annuelle de 1,7 TWh.

• Parc éolien en mer de l’île d’Yeu – Noirmoutier

Composé de 62 éoliennes Siemens Gamesa de 8 MW posées sur des fondations « monopieu», ce parc marin développera une puissance de 496 MW. Il s’étendra sur un périmètre de 83 km² à 11,7 km au large de l’île d’Yeu et à 16,5 km de Noirmoutier. Le projet est porté par la société « Éoliennes en mer Îles d’Yeu et de Noirmoutier », formée par Engie, Sumitomo, Energias de Portugal Renewables et la Caisse des dépôts. Son coût est estimé à 2 milliards d’euros pour une production annuelle d’environ 1,9 TWh.

Les travaux devraient commencer en 2022, après plusieurs années de procédures judiciaires et de retards liés à l’épidémie de Covid-19. Le parc de Noirmoutier fait l’objet de vives oppositions, notamment de la part de pêcheurs et d’associations environnementales. La mise en service est prévue pour 2025.

• Parc éolien en mer Sud Atlantique

Les caractéristiques détaillées du futur parc éolien offshore Sud Atlantique n’ont pas encore été déterminées. L’État a annoncé son souhait d’installer au large de l’île d’Oléron un parc d’une puissance située entre 500 et 1 000 MW et, à terme, son extension de 1 000 MW. De fin septembre 2021 à fin janvier 2022, le projet mène son débat public. Suivront les études techniques et environnementales puis, fin 2022, la désignation de l’entreprise ou du groupement industriel lauréat de l’appel d’offres. Les travaux doivent débuter en 2025 pour une mise en service à l’horizon 2030.

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En Méditerranée

• Parcs éoliens en mer de Leucate, Gruissan et Faraman (projets pilotes)

Trois parcs pilotes flottants sont prévus en Méditerranée. Ils préfigureront l’installation de deux parcs commerciaux de grande envergure : Méditerranée I et II. Le premier parc pilote baptisé « Eolmed » sera érigé sur une surface de 8,15 km² à 18 km au large de Gruissan. Il comprendra 3 éoliennes Vestas de 10 MW placées sur des barges en béton semi-immergées. En 2016, le projet a été confié au consoritum formé par les sociétés Qair et BW Ideol. La construction doit débuter en 2022 pour une mise en service en 2023.

Le second parc pilote nommé « Éoliennes flottantes du golfe du Lion » sera érigé sur une surface de 6,17 km² à 16 km au large de Leucate. Ses caractéristiques sont identiques au parc de Gruissan (3 éoliennes Vestas de 10 MW sur flotteur semi-submersible). Le projet est porté par le consortium formé par Engie, Energias de Portugal Renewables et la Caisse des dépôts (Éolien en Mer Participation). Les travaux de pose des câbles sous-marins sont prévus à l’automne 2022, avant la mise à l’eau et l’ancrage des éoliennes. Le parc doit entrer en service début 2023 .

Le troisième parc pilote nommé « Provence Grand Large » sera situé sur une surface de 0,78 km² à 14 km au large du phare de Faraman (Port-Saint-Louis du Rhône). Il sera composé de 3 éoliennes Siemens Gamesa de 8 MW placées sur des plateformes métalliques à ancrage par lignes tendues (TLP). Le projet est porté par EDF Renouvelables, qui doit actuellement purger les recours déposés par des associations environnementales. Début janvier 2023, la construction des flotteurs est quasiment achevée. La mise en service est prévue pour le second semestre 2023.

• Parcs éoliens en mer Méditerranée I et II

L’État a exprimé son souhait d’installer deux parcs éoliens flottants de grande ampleur en Méditerranée, entre Canet-en-Roussillon (golfe du Lion) et Port-Saint-Louis du Rhône (golfe de Fos-sur-Mer). Chacun disposera d’une puissance de 250 MW et seront, à terme, augmentés par des extensions de 500 MW (soit 750 MW par parc). Le débat public a été réalisé entre juillet et octobre 2021. L’État doit statuer sur l’avenir du projet d’ici fin mars 2022.

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