Réaliser la transition énergétique avec, entre autres, des réacteurs nucléaires ? Cela suppose au préalable d’avoir de l’uranium, pour les alimenter en combustible. Et si le parc mondial actuel semble avoir des ressources disponibles pour sa durée de vie, cela coince dès lors que l’on envisage un parc qui se développe fortement dans le monde entier. Mais la Chine a une solution : l’uranium marin. Et elle a obtenu ses premiers résultats concrets.
Il y a dix-huit mois, nous vous avions parlé de cette étrange plate-forme en mer chinoise ; elle était destinée à mener des recherches sur l’extraction de l’uranium marin. Son existence avait été mise en lumière par Cao Shudong, directeur adjoint du spécialiste chinois de l’uranium CNNC, le 17 mai 2023 lors d’une conférence de la Seawater Uranium Extraction Technology Innovation Alliance (en français : Alliance de l’innovation technologique pour l’extraction de l’uranium marin).
La ressource n’a rien d’anecdotique. Jugeons-en : les océans contiennent naturellement de l’uranium à hauteur de 3 microgrammes par litre. Si cela semble peu, il faut le ramener au volume total des océans, qui est énorme, ce qui conduit à estimer à 4 milliards de tonnes l’uranium présent dans l’eau de mer, soit près de mille fois plus que les gisements conventionnels connus.
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Reste à parvenir à extraire cet uranium. Pour ce faire, l’équipe du professeur Jiang Biao a conçu des systèmes de filtrage spécialisés. En forme de tube d’un mètre de haut, elle contient une membrane repliée dont la surface totale est équivalente à celle d’un terrain de football. Chaque cylindre est conçu pour absorber environ 600 g d’uranium sur sa durée de vie. Ces absorbants ont été placés sur une plate-forme dans le golfe de Bohai.
Quels seraient les résultats ? Pour le savoir, il faut creuser dans la presse chinoise. Il s’avère que Wang Chun, journaliste au « Science and Technology Daily » (journal officiel du ministère des Sciences et de la Technologie) les a rapportés [article en chinois]. L’équipe aurait déjà réussi à extraire 1 kg d’uranium de l’eau de mer. Mieux, elle a annoncé que le coût d’extraction serait d’environ 150 $ par kilogramme, soit de l’ordre du cours actuel de l’uranium (~ 130 $/kg). L’équipe envisage d’arriver à extraire une tonne d’uranium en 2026. Il s’agit bien sûr pour le moment de résultats à l’échelle expérimentale, et qui demanderaient à être confirmés.
Il faut noter que ces expérimentations s’inscrivent dans un plan bien plus vaste. En effet, dans le cadre de sa stratégie énergétique, la Chine prévoit de produire de manière continue de l’uranium marin à partir de la période 2036 – 2050, et ce, pour un prix aussi bas que 100 $/kg. L’uranium de la prochaine décennie sera-t-il chinois ?
Et comme souvent…la Chine avance pendant que la vache française regarde passer les trains @Bouboul « 1 millions de litres pour récupérer 3kg d’uranium. » 3μg/litre, ça donne 3 grammes (et non pas 3kg) au bout de 1 million de litres ça donne 3mg pour 1m3, donc aux environs de 0,003g/tonne d’eau ça fait 3 000 000g soit 3 000kg ou 3 tonnes pour 1km3 d’eau de mer soit environ 3 ppm pour comparaison, un minerais d’or est aux environs de 1 à 20 ppm Je pense que c’est techniquement très jouable. @Karim La filière RNR n’est pas encore généralisée à l’échelle… Lire plus »
Autant pour moi, j’avais lu 3mg et non 3ug, je ne sais pas pourquoi.
Du coup, c’est 1000 fois pire que ce je pensais au départ.
La comparaison avec l’or ne me semble pas forcément pertinente.
Le prix au kg n’est pas du tout le même !!
« Le prix au kg n’est pas du tout le même !! » L’utilité non plus. On n’alimente pas une entreprise industrielle avec un lingot d’or. Le surcoût d’extraction annoncé dans l’article (130$ + 20$ = 150$) reste très raisonnable. Pour ma part, un simple surcoût de 15% en échange d’une totale souveraineté , je signe des 4 mains (eh oui…je compte très large !). Surtout quand on sait que l’uranium n’entre que pour 5% dans le prix de l’électricité produite. Libérés , délivrés … A quand notre usine expérimentale au large de la Bretagne (région de champs éoliens et de forts… Lire plus »
Oui, sauf que 150 dollars, c’est son prix avant enrichissement.
Il faut enrichir l’uranium pour que son taux d’uranium 235 passe à 5% au lieu des 0,7% dans l’uranium naturel et qu’il soit utilisable comme combustible.
Cela multiplie au moins le prix par 10.
C’est sur qu’a 60000 euros/kg, ça serait pas super rentable comme combustible.
150$ brut marin avant enrichissement, à comparer avec 130$ brut terrestre avant enrichissement
L’enrichissement est le même dans les 2 cas puisqu’on va le faire sur la même matière brute.
Et comme l’enrichissement va lui de la valeur ajoutée (en raison de la consommation énergétique du processus), ce petit écart de 20$ (15%) au départ se réduit à l’arrivée.
Un lien intéressant au sujet de l’enrichissement :
https://world–nuclear-org.translate.goog/information-library/nuclear-fuel-cycle/conversion-enrichment-and-fabrication/uranium-enrichment?_x_tr_sl=en&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=rq
3mg par litre…
Il faudrait filtrer 1 millions de litres pour récupérer 3kg d’uranium.
Sachant que derrière, il faut encore le re-enrichir à 5% pour qu’il puisse être utilisable dans un réacteur.
Ce qui signifie que les 3kg d’uranium passerait à 30 grammes réellement utilisable en combustible.
Même si l’énergie nucléaire est formidablement concentré, je me pose de sérieuses questions sur le bilan de l’affaire….
Encore une perte de temps et d’argent sans compter l’impact sur le milieu marin. En fait il y a déjà assez d’uranium usagé dans le monde pour servir de combustible dans des réacteurs neutrons rapides pendant des siècles.