Le 21 mars 2023, le Global Electronics Council (GEC) annonce par un communiqué de presse avoir ajouté un nouveau critère « bas-carbone » s’appliquant aux panneaux photovoltaïques dans le référentiel de son écolabel EPEAT. En quoi consiste-t-il ?

Qu’est-ce que l’écolabel EPEAT ?

Le Global Electronics Council (GEC) assure la promotion et la maintenance de l’écolabel EPEATTM. Il gère le développement de ce label, ainsi que la qualification des organismes qui vérifient de manière indépendante les déclarations EPEAT des fabricants. Les fabricants peuvent également enregistrer leurs produits dans un registre spécial mis à disposition par le GEC, et produisant un classement de mérite par rapport au respect des critères obligatoires et facultatifs de l’écolabel.

Les écolabels de type I sont des certifications environnementales visant à reconnaître et promouvoir les produits, services ou systèmes plus respectueux de l’environnement. Ils sont en particulier recommandés par le Programme des Nations Univers pour l’Environnement (PNUE). Leur référentiel est décrit par la norme ISO 14024:2018. Les écolabels de type I sont en principe ceux qui fournissent le meilleur niveau de fiabilité, puisqu’ils sont basés sur une certification par un tiers indépendant, une analyse sur le cycle de vie multi-critères et vérifiable.

D’après le GEC, depuis le lancement de l’écolabel en 2006, ont été achetés de l’ordre de 1,5 milliard de produits EPEAT, ce qui a permis de réaliser des économies de 13,1 milliards de dollars et de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 220 millions de tonnes.

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L’intensité carbone des panneaux photovoltaïques

Les panneaux photovoltaïques produisent de l’électricité à partir du rayonnement solaire, et sans dégagement de dioxyde de carbone. Toutefois, la fabrication des panneaux photovoltaïques nécessite beaucoup d’électricité, et, selon le mix électrique du pays de fabrication, cette électricité peut avoir été produite à partir de sources ayant généré plus ou moins du dioxyde de carbone. Ainsi, les panneaux photovoltaïques ne sont pas neutres en carbone, et cette « dette » carbone issue de leur fabrication est appelée « empreinte carbone ».

De façon à évaluer cette empreinte carbone et la comparer aux autres sources d’électricité, on rapporte ces émissions initiales à la quantité d’énergie produite par le panneau photovoltaïque sur sa durée de vie. Ainsi, d’après l’ADEME, les émissions des panneaux photovoltaïques s’élèvent en moyenne à 55 g eqCO2/kWh. Ce résultat peut varier dans une large mesure entre 39 et 89 g eqCO2/kWh selon l’ensoleillement, la technologie utilisée et le pays de fabrication des panneaux. À titre de comparaison, les émissions d’une centrale au gaz à cycle combiné sont de l’ordre de 500 g eqCO2/kWh.

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Bas-carbone ou ultra-bas-carbone ?

Dans le communiqué de presse, Bob Mitchell, PDG de GEC explique leur motivation : « Les énergies renouvelables sont essentielles à la transition vers l’économie verte, mais nous devons également tenir compte de la contribution de l’infrastructure sous-jacente au changement climatique. Le marché a besoin d’une méthodologie fiable pour évaluer les émissions de carbone des panneaux solaires pendant leur production afin de prendre des décisions d’achat éclairées. »

Dans cet objectif, le GEC définit deux niveaux de labellisation : en premier lieu, les panneaux « bas-carbone » (Low Carbon Solar), dont la quantité de CO₂ émis lors de sa fabrication (cadre inclus) doit être inférieure à 630 kg eqCO2/kWc, et en second lieu les panneaux « ultra-bas-carbone » affectés d’une limite de 400 kg eqCO2/kWc.

Pour comparer aux valeurs citées ci-dessus, nous allons faire un rapide calcul estimatif. Nous allons supposer que les panneaux photovoltaïques produiront 1000 Wh/Wc/an pendant 20 ans. Réparties sur ces durées de production, les valeurs seuils du label GEC correspondraient alors à une émission équivalente de l’ordre de 30 g eqCO2/kWh pour le label « Low Carbon Solar »  et 20 g eqCO2/kWh pour le label « Ultra Low Carbon Solar ».

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Éligible aux appels d’offre de la CRE

En France, la production d’électricité est déjà peu carbonée, de l’ordre de 60 g eqCO2/kWh en 2018. En conséquence, si l’objectif est de diminuer les émissions de CO₂, on comprend qu’il est nécessaire que les panneaux solaires aient une empreinte carbone significativement inférieure. Ainsi, le ministère de la Transition Énergétique établit une évaluation de l’empreinte carbone depuis 2011 dans le cadre de l’analyse des appels d’offres relatifs aux installations photovoltaïques de grande taille. Par exemple, dans le dernier cahier des charges de ces appels d’offre, la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) impose le critère suivant : « seules les installations dont l’évaluation carbone simplifiée est inférieure à 550 kg-CO2/kWc sont éligibles. »

En première analyse, on peut penser que le nouveau label « Low Carbon Solar »  du Global Electronics Council ne serait pas suffisant, tandis que le label « Ultra Low Carbon Solar » serait acceptable par rapport aux critères actuels de la Commission de Régulation de l’Énergie française.

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