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Capturer le CO2 avec la tension d'un smartphone ? C'est possible

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Par Laurent GAUTHIERPublié le 14 septembre 2025
Illustration : Pexels, Martin Bergsma, modifiée par RE.

La capture directe du CO2 est un procédé difficile à mettre en œuvre. Il nécessite des machines complexes et énergivores, qui rendent le procédé peu efficace et coûteux. Mais cette équipe coréenne a trouvé une solution. Basée sur l’électricité, cette solution ne nécessite une tension d’alimentation de pas plus de 3 volts.

Les procédés de capture utilisent un matériau actif, sous la forme d’un solvant liquide ou d’un adsorbant solide, dont la fonction est d’extraire sélectivement le CO2 des autres composants de l’air. Le CO2 doit ensuite être à nouveau séparé. Cette dernière étape est appelée régénération, et elle permet de recycler le matériau actif, et de la rendre disponible pour un nouveau cycle. Le CO2 est quant à lui stocké ou réutilisé (par exemple, pour produire des carburants de synthèse), et éventuellement transporté entre ces différentes sites.

L’étape de régénération implique en général un chauffage, éventuellement accompagné de variations de pression, qui permet de briser les liaisons chimiques entre le matériau actif et le CO2. Cela peut passer par l’utilisation d’un flux de vapeur à 100 °C, par exemple. Problème : cette étape est énergivore. Ainsi, les procédés aujourd’hui envisagés pour la capture directe impliquent une grande dépense d’énergie, des coûts élevés, ainsi qu’une certaine complexité opérationnelle.

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Un tissu de fibres d’argent

Mais des chercheurs du KAIST (Korea Advanced Institute of Science & Technology) ont démontré la viabilité d’une solution originale. C’est ce que nous démontre un article scientifique publié en août 2025, et dont le premier auteur est Young Hee Lee, un jeune doctorant qui travaille actuellement au MIT. Les chercheurs nous indiquent avoir produit du CO2 à 95 % de pureté à partir de l’air. En consommant 20 % d’énergie en moins. Et plus incroyable encore : en utilisant uniquement de l’électricité – donc sans utiliser de vapeur.

Comment s’y sont-ils pris ? Les chercheurs ont conçu un matériau composite constitué de nanofils d’argent et de nanoparticules, formant des couches de 3 µm (microns) d’épaisseur. Cela conduit à un matériau actif présentant une très grande surface de contact avec l’air. Mieux : il est conducteur électrique. Cela a permis aux chercheurs de chauffer le matériau par simple effet Joule, et avec une tension très faible, de l’ordre de 3 V. Le chauffage étant ainsi localisé précisément là où il est nécessaire, l’invention permet ainsi de diminuer nettement la consommation énergétique.

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Pouvoir utiliser l’électricité, c’est d’un grand intérêt : non seulement le système est beaucoup plus simple à mettre en œuvre, mais il est de plus directement compatible avec des sources d’électricité renouvelables, notamment les panneaux photovoltaïques. De quoi retirer le CO2 de l’air à moindre coût, donc, voire de l’utiliser ensuite pour produire des carburants synthétiques. L’article scientifique est disponible en source ouverte. Les travaux de recherche ont par ailleurs conduit à la publication d’un brevet.

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