Les innovations, souvent, commencent petit. Puis, elles prennent de l’ampleur. Il en est ainsi du méthanol de synthèse produit à partir de sources d’énergie bas-carbone. Ce concept était à l’étape pilote jusqu’à maintenant. Mais l’Australie prévoit aujourd’hui de passer à l’échelle supérieure.
En 2005, George Olah, prix Nobel de chimie, publie un essai qui fera de lui un des premiers avocats du méthanol. Beyond Oil and Gas : The Methanol Economy, que l’on pourrait traduire par « Au-delà du pétrole et du gaz : l’économie méthanol », est un effet un essai d’une grande précision technique. Il propose une vision d’une certaine ampleur.
Le scientifique y expose son concept : du méthanol pourrait être produit à partir d’hydrogène généré à l’aide de sources d’énergie bas-carbone (renouvelables, nucléaire) et de dioxyde de carbone directement prélevé dans l’air. Puis ce carburant serait utilisé pour la plupart des applications usuelles des hydrocarbures fossiles, c’est-à-dire brûlé, libérant ainsi le carbone dans l’atmosphère. D’où il sera à nouveau extrait et recyclé. Une société carburant aux hydrocarbures renouvelables, en somme.
Aujourd’hui, le concept progresse, une étape après l’autre. Et HIF Global va frapper un grand coup. Nous avions évoqué précédemment l’usine pilote de la société chilienne, implantée à l’extrême sud du continent américain ; cette dernière était conçue pour produire environ 100 tonnes de méthanol par an.
À lire aussiCette startup française veut produire du méthanol vert pour pas cherLa nouvelle installation de HIG Global sera à une toute autre échelle. Le projet est en effet dimensionné pour produire jusqu’à 200 000 tonnes de e-méthanol par an. L’usine utilisera l’hydrogène produit par une installation d’électrolyse de 280 MW. Son emplacement vient d’être décidé : ce sera sur le territoire de la commune de South Burnie, en Tasmanie, l’état le plus au sud de l’Australie. Il est prévu que l’installation entre en service en 2030. Elle consommera alors environ 300 000 tonnes par an de dioxyde de carbone.
Le volume de méthanol produit annuellement par l’usine australienne pourra satisfaire la consommation d’une petite poignée de navires cargo. Par exemple, l’armateur CMA-CGM, qui a commandé six porte-conteneurs au méthanol, estime leur consommation entre 280 000 et 300 000 tonnes par an. À savoir que la flotte mondiale de porte-conteneurs approche les 6 000 navires. Mais l’usage du méthanol n’est pas limité au transport maritime. Il pourra être transformé ensuite pour les transports terrestres et aériens, voire assurer une forme de stockage saisonnier d’énergie renouvelable. Un projet, donc, qui se rapproche on ne peut plus de la vision de George Olah. Même si, en la matière, le prix de revient au litre sera crucial pour en établir la pérennité.
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