Alors qu’avant 2010, un ralentissement général de la vitesse des vents avait été constaté dans l’hémisphère Nord, une étude scientifique récente a observé un renversement de tendance. Une bonne nouvelle pour le secteur éolien : la productivité des turbines pourrait augmenter d’au moins 3% par décennie.

La part de l’éolien dans la production d’électricité de l’Europe atteignait 11,4 % en 2018. Mais elle couvrait déjà 40 % de la consommation au Danemark, 28 % en Irlande, 25 % au Portugal et 20% en Allemagne.

La production des parcs éoliens étant proportionnelle au cube de la vitesse des vents est cependant pénalisée depuis les années 1980 par une réduction de la vitesse moyenne de ceux-ci. Les scientifiques avaient en effet constaté un net ralentissement des vents d’environ 2,3 % par décennie. Un phénomène appelé « accalmie éolienne globale » qui a principalement touché les régions situées aux latitudes moyennes des deux hémisphères. S’il avait perduré, il aurait pu faire baisser la vitesse du vent d’environ 20 % d’ici la fin de ce siècle.

Mais une équipe internationale de scientifiques dirigée par le professeur Zhenzhong Zeng de l’Université de Princeton (Etats-Unis), a observé une inversion de cette tendance depuis une dizaine d’années. En analysant les données fournies par plusieurs milliers de stations météo dans le monde, les chercheurs ont établi que les vitesses du vent sont revenues au niveau de 1980 en seulement huit ans, leur croissance pendant cette période étant trois fois supérieure au ralentissement observé avant 2010.

Publiée dans la revue Nature Climate Change, l’étude à laquelle ont participé des chercheurs du CNRS et du CEA, démontre que le retour de vents plus forts entre 2010 et 2017 a permis une augmentation moyenne du potentiel éolien mondial de 17%. Pour le professeur Zhenzhong Zeng, « ce résultat montre que la vitesse du vent joue un rôle tout aussi important que les améliorations technologiques, considérées jusqu’ici comme le principal paramètre contribuant à l’augmentation de la production éolienne ».

Après avoir éliminé les facteurs liés à la végétation et à l’urbanisation, les scientifiques estiment à présent que des mécanismes climatiques seraient à l’origine de ces variations et plus particulièrement, « des changements dans les oscillations océaniques ». Ceux-ci expliquent dans une large mesure, à la fois l’accalmie éolienne globale d’avant 2010 et l’inversion de tendance récente.  L’échauffement inégal de la surface de la Terre, notamment aux pôles, participerait à ce phénomène.

Si la tendance actuelle se perpétue, la production d’électricité des parcs éoliens devrait croître « mécaniquement » de 3% par décennie. Or les chercheurs prédisent qu’elle se poursuivra au moins jusqu’en 2030.
Une bonne nouvelle pour le secteur et plus généralement pour les objectifs de transition énergétique visant la neutralité carbone d’ici 2050.

Référence : A reversal in global terrestrial stilling and its implications for wind energy production (Nature Climate Change)