Rendu responsable des incendies meurtriers de novembre 2018 en Californie, l’électricien PG&E a procédé la semaine passée à une coupure de courant intentionnelle, privant d’électricité des centaines de milliers de ménages. Un exemple concret, parmi tant d’autres, des désordres auxquelles nous pouvons nous attendre avec les changements climatiques.

En novembre 2018, il a fallu 17 jours aux pompiers californiens pour maîtriser l’incendie Camp Fire, le plus destructeur et le plus meurtrier de l’histoire de cet Etat. S’étendant sur une centaine de kilomètres, il a causé la mort de 86 personnes au moins (11 disparus n’ont pas encore été retrouvés), ravagé 620 km² de forêts, détruit 14.000 habitations, 530 commerces et 4.500 autres bâtiments – dont une grande partie de la ville de Paradise – et déplacé plusieurs dizaines de milliers d’habitants.
Après de longs mois d’enquête, les autorités californiennes ont déclaré que le réseau électrique à haute tension de PG&E (Pacific Gas & Electric Company) était à l’origine de la catastrophe. L’incendie aurait en effet débuté sous une ligne à haute tension de 115.000 volts mal entretenue : l’attache défaillante d’un câble a permis à celui d’entrer en contact avec un pylône, provoquant des étincelles qui auraient enflammé la végétation voisine. La sécheresse qui sévissait dans la région, la chaleur et des vents violents ont ensuite accéléré la propagation des flammes dans la forêt.

PG&E a dû débourser plusieurs milliards de dollars pour indemniser les victimes et les collectivités locales. En septembre, la compagnie a annoncé un « deal » record de 11 milliards de dollars avec les compagnies d’assurance pour solder le litige. Et depuis lors elle multiplie les précautions et les mesures de prévention pour éviter de nouvelles catastrophes. Parmi celles-ci : des coupures intentionnelles de courant lorsque les conditions météo sont similaires à celles qui sévissaient pendant l’incendie Camp Fire. « Des vents violents conjugués à la sécheresse et à la chaleur peuvent provoquer des dégâts sur les pylônes et les câbles. Des étincelles pourraient alors entraîner des départs de feux » explique l’électricien. 

Blackout intentionnel

Début octobre, PG&E annonce une gigantesque coupure de courant en prévenant qu’elle pourrait durer plusieurs jours. « Nous ne prenons pas cette décision à la légère, nous devons prendre cette mesure en derniers recours pour des raisons de sécurité car nous nous sommes engagés à réduire les risques de feux de forêts » déclare Sumeet Singh, responsable du plan d’action « prévention des incendies » chez PG&E. Les rafales de vent qui balayent le nord de la Californie aride « sont historiquement les événements qui causent les incendies de forêt les plus destructeurs de l’histoire de la Californie », ajoute Scott Strenfel, le météorologue de PG&E.
Sur son site la compagnie multiplie alors les conseils pour « survivre au black-out » : stocker suffisamment de nourriture non périssable et d’eau pour une semaine, préparer de l’argent liquide, des stocks de carburant, des lampes de poche, prévoir une radio sur piles, apprendre à ouvrir son garage ou les portes de son immeuble sans électricité… Dans un Etat qui héberge le gratin des entreprises technologiques, cela équivaut presque à un retour au Moyen-Âge. Devant les stations-services et les magasins, les files s’allongent.

Tôt le matin du 9 octobre, 22 districts – dont certains situés dans la baie de San Francisco – sont déconnectés du réseau, plongeant du coup environ 500.000 foyers dans l’obscurité. La compagnie prévient que 250.000 clients supplémentaires pourraient être privés de courant dans la journée. En même temps, PG&E mobilise 45 hélicoptères et 6.300 agents pour inspecter les lignes, effectuer des réparations ou restaurer le courant.

Malgré ces efforts, les critiques pleuvent sur l’entreprise. Pour prévenir les incendies, elle aurait d’abord dû se préoccuper de l’entretien de ses installations, combattre la corrosion de ses pylônes, investir dans le renforcement de son réseau, élaguer ou couper la végétation autour de ses lignes …

Désordres et chaos de plus en plus fréquents ?

Outre les inconvénients qu’ont dû subir les habitants, les entreprises et les services publics situés dans la zone affectée par les coupures de courant ont évidemment été confrontées à des difficultés majeures pendant la panne. Survenant dans une des régions du monde les plus riches et les plus avancées technologiquement, ce black-out gigantesque nous fait entrevoir les désordres, les pagailles et les dégâts que provoqueront de plus en plus fréquemment les conséquences des changements climatiques. Aucune région de la planète ne sera épargnée.
Faut-il encore insister sur l’urgence de la transition ? Et que penser de ceux qui osent encore se moquer de Greta Thunberg ?

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La devanture d’un Starbucks à Sausalito dans le nord de la Californie pendant la coupure de courant