Comment se porte actuellement le secteur du nucléaire dans le monde ? Pour vous aider à vous faire votre propre idée, nous avons rassemblé, sur une carte interactive, l’ensemble des réacteurs nucléaires en construction dans le monde, ainsi que les projets les plus avancés.

Face aux enjeux de la transition énergétique et la nécessité de trouver des solutions pour produire de l’électricité décarbonée, le nucléaire revient au centre des débats, plus clivant que jamais. Si certains le considèrent comme une solution miracle pour atteindre le zéro carbone d’ici 2050, d’autres le perçoivent comme un danger sanitaire et environnemental. Mais dans quelle dynamique se trouve réellement le secteur du nucléaire dans le monde ? Pour vous aider à vous faire une opinion, voici une carte représentant l’ensemble des réacteurs nucléaires actuellement en construction, ainsi que les projets qui sont en passe de se concrétiser.

La carte ci-dessous est interactive. Zoomez et survolez un réacteur pour consulter les détails.

La Chine, leader incontesté du nouveau nucléaire

Face à la constellation de points concentrés sur la Chine, l’état de la situation est clair : l’Empire du Milieu domine de la tête et des épaules le secteur du nucléaire par le nombre de réacteurs en cours de construction. Depuis 2000, 52 des 116 réacteurs mis en service dans le monde sont chinois. Encore plus frappant, la durée de construction des réacteurs est en moyenne de 6 ans en Chine, contre presque 11 ans dans le reste du monde. Enfin, sur les 58 réacteurs actuellement en chantier, 24 sont situés en Chine.

Jusqu’à récemment, cette domination par les chiffres ne signifiait pas nécessairement une domination technologique, puisqu’un grand nombre de ces réacteurs étaient conçus et réalisés avec des partenaires internationaux comme Candu pour les réacteurs de Qinshan, Westinghouse pour les deux premiers réacteurs de la centrale de Sanmen ou encore Framatome pour les deux EPR de Taishan. Néanmoins, le pays progresse à vue d’œil en développant, désormais, un grand nombre de ses propres réacteurs. Le SMR de Shidao Bay, récemment mis en exploitation commerciale, en est l’exemple parfait. Selon un responsable du projet, 90 % des pièces de ce réacteur de 4ᵉ génération auraient été conçues en Chine.

Les pays en développement s’équipent

En dehors de la Chine, les chantiers en cours sont très peu nombreux en Europe, au Japon ou en Amérique du Nord. En revanche, de nombreux pays en développement choississent le nucléaire pour développer leur capacité de production électrique. L’Inde, par exemple, compte actuellement six réacteurs en cours de construction qui viendront compléter un parc nucléaire déjà conséquent. Le Bangladesh, l’Egypte et la Turquie se lancent, eux, dans l’aventure du nucléaire grâce au soutien de la Russie par le biais de l’entreprise Rosatom.

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Où en sont les Small modular reactors (SMR) ?

S’ils font beaucoup parler d’eux, les Small modular reactors (SMR) peinent, pour le moment, à sortir de terre. Avec sa centrale de Shidao Bay, la Chine est le seul pays à avoir mis des SMR en exploitation commerciale. Les seuls autres réacteurs SMR en service équipent la seule centrale nucléaire de production flottante au monde. Celle-ci est équipée de deux réacteurs à eau pressurisée de 35 MW(e) et d’une durée de vie de 40 ans.

Sur les 72 projets recensés à la fin 2021, seuls quelques-uns sont à un stade de développement avancé. En Argentine, le Carem25 et ses 25 MW de puissance est déjà en construction tandis que deux projets de puissance supérieure (100 MW et 300 MW) sont en développement Aux USA, la société Kairos Power s’apprête à construire un démonstrateur de 140 MW, appelé Hermès.

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Et la France dans tout ça ?

Avec le plan de relance du nucléaire, la France compte mettre en service 6 nouveaux EPR2 dans les centrales de Penly, Bugey et Gravelines, dont la mise en service devrait s’étaler de 2035 à 2042. Et ce n’est pas tout, puisque dans une récente interview, l’ancienne ministre de la Transition énergétique avait ouvert la porte à la construction de nouveaux réacteurs d’ici 2050 pour couvrir les besoins grandissants d’électricité.

Du côté des SMR, le projet Nuward voit son niveau de sûreté évalué par trois autorités européennes en simultané. Cette minicentrale nucléaire, composée de deux réacteurs de 170 MW(e), intéresse plusieurs pays comme la République tchèque ou encore la Finlande. Toujours dans le cadre de la relance du nucléaire, le projet de SMR Jimmy a reçu une aide financière de 32 millions d’euros de la part de l’État. La startup espère pouvoir débuter la construction de sa première chaudière nucléaire industrielle d’une puissance comprise entre 10 MW et 20 MW d’ici 2026.