Vous en avez certainement croisé en déambulant en ville, ou à la campagne. Ce sont souvent de grosses boîtes métalliques ou maçonnées, qui émettent un bourdonnement caractéristique. Il s’agit des transformateurs HTA/BT, appelés postes de distribution publique par Enedis. Leur rôle est essentiel dans la chaîne de distribution de l’électricité en France. Mais leur totale sécurité a pu être remise en cause, vis-à-vis notamment l’exposition chronique aux faibles champs électriques et magnétiques.
Le réseau électrique est constitué d’un grand nombre de composants, dont chacun joue un rôle pour acheminer l’électricité depuis les grands centres de production, jusqu’aux lieux où elle est consommée. En France, ce réseau est subdivisé entre réseau de transport, géré par RTE, et réseau de distribution, géré par Enedis ou des Entreprises locales de distribution (ELD). Les postes HTA/BT sont le dernier maillon du vaste réseau de distribution qui couvre notre territoire – Enedis en propose une carte interactive.
Ils ont pour fonction de convertir l’électricité sous forme d’un courant alternatif à haute tension (HTA : entre, c’est-à-dire entre 1 et 50 kilovolts – kV) vers un courant à basse tension (inférieur à 1 kV). Autrement dit, c’est ce poste qui va convertir l’électricité en un format utilisable dans une grande majorité des bâtiments d’habitations et tertiaires. À ce titre, les postes HTA/BT sont ceux qui sont les plus proches des habitations. Ce qui explique bien sûr que leur implantation puisse être à l’origine d’interrogations, voire de critiques, de la part de ceux qui vivent juste à côté.
À lire aussiQu’est-ce qu’une ligne haute tension à courant continu HVDC ?Ces transformateurs peuvent être placés dans des modules préfabriqués, aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain. Dans d’autres configurations, ils peuvent être installés non loin du sommet de poteaux de support de lignes aériennes. Enfin, dans un dernier cas, et notamment en environnement urbain dense, ils sont intégrés directement dans un immeuble. Ils sont reconnaissables à la mention « Danger de mort », visant à dissuader quiconque de s’y introduise par effraction.
Un point intéressant : le neutre des postes HTA/BT est relié à la terre. Ce « régime de neutre » est en réalité une obligation systématique pour la totalité du réseau de distribution en France. En effet, le schéma de liaison à la terre des installations alimentées par le réseau de distribution en France est de type TT (« Terre – Terre »), c’est-à-dire que le neutre du poste est mis à la terre, tout comme les masses métalliques sont elles-mêmes reliées à leur propre terre. C’est la raison pour laquelle il y a un risque d’électrocution dès lors qu’un défaut peut mettre en contact une phase avec la terre. Pour le dire autrement, dès lors qu’il y a un court-circuit avec la terre, le courant distribué par le poste HTA/BT retourne par la terre à ce même transformateur – et potentiellement au travers du corps humain. C’est pour éviter les risques d’électrocution, notamment, que nos installations électriques sont protégées notamment par des différentiels.
Du fait de leur principe de fonctionnement, les transformateurs des postes HTA/BT génèrent nécessairement des champs électriques et magnétiques. Ces derniers sont confinés par conception dans l’enveloppe de la machine, pour des raisons de sécurité et d’efficacité, mais il est inévitable qu’il se produise quelques fuites électromagnétiques à l’extérieur.
C’est la raison pour laquelle la réglementation impose le respect de normes pour protéger le public. Ces dernières sont précisées dans l’article 12bis de l’Arrêté du 17 mai 2001 qui dispose que : « Pour les réseaux électriques en courant alternatif, la position des ouvrages par rapport aux lieux normalement accessibles aux tiers doit être telle que le champ électrique résultant en ces lieux n’excède pas 5 kV/m et que le champ magnétique associé n’excède pas 100 micro T dans les conditions de fonctionnement en régime de service permanent. » (note : l’unité de champ magnétique est le Tesla, et ses valeurs mesurées, souvent très petites s’expriment en micro-Tesla, ou µT).
Pour prendre un élément concret, nous pouvons présenter ces mesures réalisées par le SIGEIF, le service public du gaz, de l’électricité et des énergies locales en Île-de-France. Cet organisme a fait réaliser des mesures par l’Apave des champs électriques et magnétiques autour d’un poste HTA/BT placé à proximité d’une maison, dans un quartier de Longjumeau dans l’Essone. Les mesures ont montré aux abords du transformateur un champ magnétique compris dans la plage 0,11 – 3,5 µT et un champ électrique dans la plage 0,5-3,6 V/M. À l’intérieur de la maison, ces valeurs diminuent respectivement à 0,02 – 0,22 µT et 1,6-26 V/m. Ces valeurs sont très inférieures aux niveaux de référence fixés par la réglementation (<100 µT et 5 kV/m).
À lire aussiCorona ring : à quoi servent ces boules à facettes géantes installées dans certains transformateurs électriques ?Il a été relevé que ces normes pourraient être suffisantes, par exemple, par l’association Robin des Toits. Cette dernière s’appuie sur l’existence de normes plus strictes dans d’autres pays, ou encore sur des éléments scientifiques. Parmi eux, on peut citer l’ANSES, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail. Dans un communiqué de 2019, par exemple, celle-ci indique qu’elle ne peut exclure des risques potentiels liés à une exposition chronique (par exemple, la leucémie infantile et l’exposition à des niveaux supérieurs à 0,2 ou 0,4 µT), et appelle ainsi à une recommandation de précaution pour les publics les plus à risque – en cohérence avec la pratique dans d’autres pays.
Il ne nous appartient pas de trancher ce débat technique et difficile ; il concerne la délicate fixation de normes au regard d’effets diffus qui pourraient être consécutifs à des expositions chroniques à de faibles niveaux. Aujourd’hui, de tels effets ne peuvent être démontrés que par de complexes études statistiques – un débat fort similaire, en somme, à celui des faibles doses de la radioactivité.
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