La destruction partielle du barrage hydroélectrique de Nova Kakhovka, dans le sud de l’Ukraine, dans la nuit du 5 au 6 juin, pourrait provoquer l’inondation de 80 localités du pays et menacer les capacités de refroidissement de la centrale nucléaire de Zaporijia.

Mardi 6 juin, vers 2 heures du matin, des explosions ont endommagé le barrage de Nova Kakhovka situé sur le fleuve Dniepr, entraînant sa rupture partielle. Depuis, le réservoir de Kakhovka se vide de 5 centimètres par heure, selon l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique). Outre l’inondation de nombreuses localités en aval du barrage et les risques de pénurie d’eau douce, la rupture du barrage de Nova Kakhovka inquiète pour la sécurité de la centrale nucléaire de Zaporijia. Cette dernière, située 150 km en amont sur le fleuve Dniepr, utilise l’eau du réservoir pour assurer le refroidissement de ses 6 réacteurs.

« Le monde se retrouve une fois de plus au bord d’une catastrophe nucléaire, car la centrale nucléaire de Zaporijia a perdu sa source de refroidissement. Et ce danger augmente désormais rapidement » s’inquiète Mykhaïlo Podoliak, un conseiller à la présidence ukrainienne. De son côté, l’AIEA se veut plus rassurante, indiquant qu’il « n’y a pas de danger immédiat ».

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Rafael Mariano Grossi, directeur de l’agence, ajoutait que la centrale disposait de plusieurs autres sources de refroidissement, dont un bassin construit à cet effet, qui a une capacité de stockage permettant à la centrale d’être refroidie pendant plusieurs mois. Le directeur de l’agence, qui doit se rendre sur place dans le courant de la semaine prochaine, met néanmoins en garde sur le fait que ce bassin ne doit en aucun cas être détruit, sans quoi les conséquences pourraient être graves.

La centrale de Zaporijia, au cœur de la guerre en Ukraine

Située au centre de l’Ukraine, la centrale nucléaire de Zaporijia est un site stratégique d’une importance majeure depuis le début du conflit. Elle est sous contrôle russe depuis mars 2022, soit quelques jours seulement après le début de l’invasion. Avec ses 6 réacteurs d’une puissance brute de 1 000 MWe chacun, la centrale la plus puissante d’Europe est la cible de nombreux affrontements et bombardements, mettant à mal la sûreté du site. Qualifiant la situation « d’intenable » en septembre 2022, l’AIEA, dont certaines équipes sont sur place, a demandé la « démilitarisation du site » pour prévenir un éventuel accident nucléaire.

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