Parmi les concepts d’avion fonctionnant sans combustible fossile, il y a celui de l’avion à hydrogène. Loin de n’être qu’une idée théorique, des prototypes volent bel et bien. Et H2FLY a récemment revendiqué une première mondiale.

C’est à la rentrée 2023 que la société H2FLY a fait voler un avion bien particulier. Il s’agissait d’un prototype de petite taille, qui lui a permis de revendiquer une première mondiale : celle du premier vol piloté d’un avion électrique à hydrogène liquide. L’avion a décollé de l’aéroport de Maribor en Slovénie, et il a pu réaliser quatre vols de test, dans des conditions que H2FLY a décrites comme sûres et efficaces. Et il ne s’agit pas de sauts de puce : le vol le plus long a duré plus de trois heures.

Vol à l’hydrogène liquide du HY4 / Image : H2FLY.

Le prototype, baptisé HY4, est une version rétrofitée (modifiée) du TAURUS 4G du constructeur slovène Pipistrel. Il s’agit d’un planeur autopropulsé par un moteur électrique situé au centre de l’avion, et doté de deux fuselages de chaque côté pouvant emporter chacun deux passagers. Dans la version modifiée par H2FLY, l’un des deux fuselages contient le réservoir d’hydrogène liquide, fourni par Air Liquide.

L’avion consomme environ 3 kg d’hydrogène liquide par heure. Il utilise cet hydrogène pour alimenter une pile à combustible, qui alimente ensuite en électricité le moteur électrique de l’avion. Il s’agit donc d’un concept de type « électrique-hydrogène ».

L’hydrogène liquide permet un gain de place

Dans le domaine du combustible pour l’aviation, le poids du combustible est bien entendu important, mais son volume l’est tout autant car les frottements de l’air seront d’autant plus importants que le volume des réservoirs sera grand. L’hydrogène liquide présente des avantages par rapport à l’hydrogène gazeux, car il est plus dense en énergie : son pouvoir calorifique supérieur est de l’ordre de 2,4 kWh/L à l’état liquide, à comparer avec 1,3 kWh/m3 à l’état gazeux pressurisé à 690 bar.

Par comparaison, la densité énergétique du kérosène est de 8,7 kWh/L, nettement supérieure même à celle de l’hydrogène liquide, et c’est bien là que réside la difficulté principale de tout concept d’avion à hydrogène : la plus faible quantité d’énergie par unité de volume de ce dernier. Pour compenser en partie l’écart, H2FLY a donc misé sur l’utilisation d’hydrogène liquide. Avant les 4 vols de début septembre, le HY4 avait volé avec de l’hydrogène gazeux et sa portée était alors de 1 500 km. Depuis la conversion de l’avion à l’hydrogène liquide, sa portée a été étendue à plus de 2 000 km.

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H2FLY a annoncé en juin développer un avion de type régional, d’une capacité de 20 à 80 siège, capable de voler à une altitude de 27 000 pieds (environ 8 000 m), et sur une distance de l’ordre de 2000 km. Il s’agit donc de performances qui se rapprochent de l’aviation commerciale conventionnelle. Ce développement est basé sur une nouvelle génération de piles à combustible à haute puissance, destinée à alimenter l’avion avec une puissance électrique de l’ordre du mégawatt. Un vol de test à bord d’un avion d’essai est prévu en fin d’année. La mise en service commerciale est toutefois prévue pour une échéance plus lointaine, en 2029-2030.