Bienvenue à Andilly-les-Marais. Voici ses écoles, son église, ses écluses, et… ses éoliennes. La petite commune charentaise de 2 300 habitants pourra bientôt se vanter de posséder, sur son territoire, les plus grandes éoliennes de France. Mieux encore : issue d’un projet citoyen, celles-ci appartiennent, en partie, aux habitants de la commune.

Depuis quelques semaines, une certaine effervescence entoure la construction du parc éolien de la petite commune d’Andilly-les-Marais, en Charente-Maritime. Et pour cause, les pales qui viennent d’y être acheminées sont les plus grandes de France, pour des éoliennes terrestres.  Avec leurs 81 mètres, elles dépassent même celles des éoliennes du parc de Saint-Nazaire, premier projet éolien en mer français. Au total, les trois aérogénérateurs prévus devraient dépasser les 200 mètres de haut, bien plus que la moyenne nationale comprise entre 120 et 150 mètres.

Question puissance, les éoliennes, fabriquées par Vestas, ne font pas non plus dans la dentelle avec 5,6 MW chacune pour une puissance cumulée de 16,8 MW. Au total, le parc devrait générer 48,5 GWh par an, soit l’équivalent de la consommation électrique de 10 600 foyers.

À lire aussi L’éolienne la plus puissante du monde entre en service

Un projet citoyen avant tout

Mais si ces éoliennes suscitent autant d’engouement, à en croire les images de l’arrivée des pales sur le lieu de montage, ce n’est pas tant pour leur caractère hors norme, mais plutôt parce qu’elles appartiennent, en partie, aux habitants de la commune. En effet, le parc éolien d’Andilly-les-Marais est un projet citoyen, détenu à 31 % par 320 habitants de la commune, devenus actionnaires de la Coopec, une coopérative de production d’énergie citoyenne. Cette participation financière s’est traduite par une levée de fonds réussie au début de l’année 2023, permettant de réunir 1,5 million d’euros.

Outre cette participation, les sociétaires disposent d’une majorité décisionnaire dans la gestion de la société en charge des éoliennes avec trois voix sur cinq. Les deux voix restantes appartiennent à VALOREM, développeur du projet, et Terra Énergies, fonds d’investissement de la région Nouvelle-Aquitaine. Grâce à cette organisation, les citoyens locaux ont eu leur mot à dire sur chaque étape du projet, de l’implantation des éoliennes aux types de mesures compensatoires en passant par la mise en place d’un comité de suivi qui se réunira chaque semestre durant toute la vie des éoliennes. Au total, la production d’énergie devrait rapporter environ 3 millions d’euros chaque année. Une petite partie des bénéfices réalisés, environ 60 000 euros par an, seront consacrés à la rénovation énergétique d’habitations précaires.

À lire aussi Offrir une part d’éolienne à un enfant : un investissement citoyen pour la prochaine génération

Les parcs citoyens, futur de l’éolien et du photovoltaïque ?

Le principe de la « gouvernance locale » dans l’éolien n’est pas une nouveauté puisque le premier parc de ce type a été inauguré dès 2014, dans le Morbihan. À cette époque, le parc de Bégannes avait été financé à 87 % par 1 000 habitants de la commune, permettant l’investissement des 12 millions d’euros nécessaires à la construction des quatre éoliennes de 2 MW.

Depuis, les projets citoyens se sont multipliés. En 2022, l’ADEME comptabilisait près de 280 projets à gouvernance locale, dont 182 en fonctionnement. Ce type de montage gagne peu à peu en popularité, car il permet aux citoyens de s’assurer de la cohérence du projet vis-à-vis de leur territoire, d’investir dans un projet qui correspond à leur valeur tout en participant à l’activité économique de leur région. Consciente de ces intérêts, l’ADEME a mis en place différentes mesures d’accompagnement pour favoriser le développement de ce type de parcs. Cet accompagnement se traduit par le développement de centres de ressources, et un soutien technique et financier durant différentes étapes du projet.

Si ces projets citoyens sont aujourd’hui principalement tournés vers l’éolien, et même l’éolien offshore à l’étranger, d’autres projets similaires se développent également autour du photovoltaïque. La Coopec d’Andilly-les-Marais développe d’ailleurs des projets photovoltaïques au sol.

À lire aussi L’éolien offshore s’ouvre à l’investissement citoyen