La filière hydroélectrique est à la peine en 2022, en raison de la sécheresse particulièrement marquée depuis le début de l’année. Un évènement qui donne à réfléchir sur l’avenir de nos barrages, le changement climatique risquant d’accentuer et pérenniser le manque d’eau.

L’hydroélectricité représente 12 % du mix électrique français. Elle est le second moyen de production d’électricité derrière le nucléaire et la première d’origine renouvelable. Autant dire que le pays ne peut pas s’en passer. Pourtant, cette année, la filière est en péril. Peu de pluie en début d’année puis des épisodes de fortes chaleurs dès le printemps ont conduit à l’assèchement des cours d’eau et à des difficultés pour remplir les barrages.

Selon Réseau de transport d’électricité (RTE), la production hydroélectrique était en baisse de 35 % en juillet 2022 par rapport à juillet 2021. C’est pire en aout, où elle est 40 % inférieure à celle de la même période de l’année précédente. Pour information, la filière avait produit un total de 10 035 GWh sur les deux mois d’été en 2021.

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Des lacs de barrage jusqu’à 30 % sous leurs niveaux habituels

On pourrait penser que la situation est devenue critique à cause d’un été 2022 particulièrement chaud, avec plusieurs épisodes de canicule. Or, déjà en début d’année, la production hydraulique était en baisse. D’après RTE, une pluviométrie déficitaire en janvier et février 2022 a conduit à une baisse de production du secteur de l’ordre de 27 % sur ces deux mois par rapport à la même période en 2021. Les fortes chaleurs et les faibles précipitations de l’été n’ont fait qu’accentuer le phénomène.

Alors que les lacs de barrage français ne sont pas suffisamment remplis (de 13 à 30 % en dessous des niveaux habituels à cette époque), un automne puis un hiver secs pourraient très sérieusement impacter la production hydroélectrique à des moments où nous en aurons le plus besoin.

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Plus accessoirement, les niveaux exceptionnellement bas des lacs artificiels des Hautes-Alpes et Alpes-de-Haute-Provence (Serre-Ponçon et Sainte-Croix) ont eu des conséquences sur l’activité touristique. Les berges abruptes étant à sec sur plusieurs dizaines de mètres, de nombreuses plages et bases nautiques sont impraticables depuis le début de l’été.

L’hydroélectricité, au cœur de notre mix électrique

Nous avons absolument besoin de l’hydroélectricité au regard de l’hiver difficile qui s’annonce. Ce mode de production présente l’avantage d’être pilotable et très réactif (quelques minutes suffisent à démarrer une turbine), ce qui permet d’aider à l’équilibre du réseau.

En outre, notre mix électrique est dominé par la filière du nucléaire, qui rencontre elle-même des difficultés. EDF vient en effet d’annoncer la prolongation de l’arrêt de plusieurs réacteurs pour des problèmes de corrosion. Les difficultés d’approvisionnement en gaz pèsent également sur le marché de l’énergie et les prix du gaz et de l’électricité s’envolent depuis un an.

Au vu de la situation actuelle, c’est l’avenir de l’hydroélectricité qui peut être questionnée. Les épisodes de sécheresse et de canicule se répèteront très probablement année après année, rendant difficile le remplissage des barrages. La place de cette filière dans le futur mix électrique du pays reste un grand flou.

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