Cet ingénieur est devenu auto-suffisant en électricité depuis qu’il a construit une mini-centrale hydroélectrique sur son terrain. Le lozérien s’est aussi équipé de panneaux solaires et a fabriqué sa propre batterie stationnaire au lithium. Connu sur Youtube où il présente ses travaux en vidéo, ce géo-trouvetout nous dévoile tous les détails de son installation.

Cela fait un an et demi que Cristof n’a plus payé le moindre kilowattheure à son fournisseur d’énergie. « J’ai appuyé sur le disjoncteur le 15 octobre 2019 » s’enorgueillit cet ex-ingénieur dans l’audiovisuel, résidant un hameau proche du Mont Lozère. Depuis, sa maison est exclusivement alimentée en électricité par des batteries, qui stockent la production de ses panneaux solaires et de la mini-centrale hydroélectrique qu’il a fabriquée. « J’ai tout le confort moderne : machine à laver, sèche linge et ballon d’eau chaude » explique-t-il, assurant ne concéder aucun compromis à cette indépendance. Le sexagénaire se chauffe toutefois au bois, la production n’étant pas suffisante pour alimenter un réseau de radiateurs électriques.

La mini centrale hydroélectrique de Cristof – Photo Cristof48

Plus de 4 kWc de panneaux solaires

Installé plein sud, l’homme exploitait jusque-là un parc de 14 panneaux photovoltaïques développant un total de 4,05 kWc. Sa production ne lui permettait pas d’atteindre l’autonomie complète, notamment en hiver et lors d’épisodes météo défavorables. Le petit ruisseau qui s’écoule à proximité de sa résidence lui semble alors être une excellente solution pour combler cette insuffisance. Sans attendre, il entreprend la réalisation d’une petite centrale hydroélectrique en 2017. « Je me suis lancé sans savoir si ça allait fonctionner » reconnaît l’ingénieur.

Sur un site internet américain, il commande un générateur et une turbine Pelton. Puis il achète des injecteurs à débit variable dans une boutique en ligne italienne et fait réaliser un boîtier métallique sur-mesure chez un tôlier. L’assemblage de la centrale « a pris une dizaine de jours une fois les pièces reçues » explique t-il. Après quelques tests et ajustements sur le réseau d’eau public, le lozérien s’est attelé à l’aménagement de la conduite forcée. Fabriquée à partir de tubes en polyéthylène de 50 mm de diamètre, elle s’étend sur environ 150 m pour 64 m de hauteur de chute.

La prise d’eau de la turbine, avant une chute de 64 m – Capture Youtube Cristof48.
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Jusqu’à 800 W de puissance hydroélectrique

L’eau est puisée à la sortie d’une buse sous voirie, débarrassée de ses impuretés par deux filtres puis dirigée dans la canalisation, qui suit le lit du ruisseau. Elle parvient à la turbine à une pression de 6,5 bars, suffisante pour générer un maximum de 800 W. Une puissance assez élevée au regard du débit relativement faible du captage, qui s’élève à environ 2,5 l/s. « Ça a été une grosse surprise au premier test de constater que j’arrivais à produire beaucoup de puissance » confie Cristof.

Le courant est exporté vers son domicile à une tension de 350 V, via un câble de 3 × 2,5 mm² long de 150 m. La ligne est connectée à un onduleur solaire MPPT puis à une batterie de 14,5 kWh qu’il a entièrement fabriquée, à partir de 1120 cellules lithium-ion de type 18 650. Ainsi, la production quasi continue de la turbine hydroélectrique est stockée et peut être utilisée à n’importe quel moment.

La batterie de 14,5 kWh fabriquée par Cristof – Photo Cristof48

Solaire et hydraulique, le parfait combo

La centrale « fonctionne 7 mois sur 12 au bon moment, à l’automne et en hiver et les panneaux solaires prennent le relais en été » détaille l’ingénieur. « J’atteins les 800 W maximums régulièrement dès qu’il pleut, mais en ce moment je suis à 350 W à cause de la neige, avant la fonte » explique-t-il. Il dit pouvoir compter sur la turbine « jusqu’au mois de mai », le débit du ruisseau étant trop faible voire inexistant durant l’été.

Exploiter un cours d’eau nécessite normalement des autorisations, qu’il juge « impossibles à obtenir ». Pour générer son électricité propre et gratuite sans être inquiété, Cristof profite d’un contexte particulier. « J’ai la chance d’avoir un ruisseau qui n’est pas considéré comme un cours d’eau. Il n’est présent sur aucune carte, est à sec une partie de l’année et il est entièrement situé sur des parcelles privées » assure t-il. « Il n’est pas sous l’égide de la police de l’eau » explique-t-il, confiant.

Plan de l’installation hydroélectrique – Capture Youtube Cristof48

Une mini centrale hydroélectrique, combien ça coûte ?

Si fabriquer une mini turbine hydroélectrique est davantage un « défi d’ingénieur » qu’un investissement « économique » selon ses propres mots, Cristof n’a pas non plus dépensé des sommes considérables. La turbine Pelton lui a coûté 800 euros, le générateur « entre 200 et 300 euros », les tubes de la conduite forcée ainsi que le câble « entre 800 et 1000 euros » et les pièces détachées « autour de 2 500 euros ». Soit moins de 5 000 euros pour une petite centrale électrique qui lui a permis d’atteindre l’indépendance électrique.

« J’aurais pu me payer des vacances au soleil » plaisante le lozérien, sans toutefois regretter ses achats. « Je suis un peu fier de dire que toute ma production est instantanément zéro carbone » confie-t-il. Avec sa turbine, il produit « au mieux du mieux, entre 25 et 30 kWh par jour ».
Une énergie qui lui permet de vivre confortablement, jusqu’à chauffer son ballon d’eau chaude sanitaire de 200 litres à 70 °C. Certains jours, l’électricité est si abondante qu’il doit parfois l’évacuer à travers un convecteur. Il ne souhaite toutefois pas injecter l’excédent dans le réseau public ni le revendre à un fournisseur pour l’instant.

Un des deux parcs solaires installés par Cristof – Capture Youtube Cristof48
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Une passion relayée sur Youtube

Cristof a tout de même conservé son abonnement « par sécurité », mais sa facture affiche une consommation nulle. S’il est fier de vivre en autonomie, il concède que cela « aurait été compliqué pour une famille » avec l’installation actuelle. Seul occupant de son logement, il estime qu’il pourrait alimenter un foyer de « 2 à 3 personnes avec plus de stockage ». L’ingénieur, qui travaille aujourd’hui dans la maintenance d’une grotte touristique, consacre une partie de son temps à communiquer sa passion sur Youtube. Les nombreuses vidéos de sa chaîne « Cristof48 » détaillent la fabrication, le fonctionnement et les performances de chacune de ses réalisations. N’hésitez-pas à y faire un tour.

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