L’autoconsommation photovoltaïque s’est littéralement enflammée en Espagne en 2022, selon un rapport de l’association APPA Renovables. Une réaction au changement de réglementation dans le pays, qui renforce les avantages à l’installation de tels systèmes.

Les chiffres sont impressionnants. En une année, l’Espagne est passée de 1 151 à 2 649 MW de puissance photovoltaïque installée en autoconsommation. Plus de 240 000 nouvelles centrales ont été branchées au réseau, dont 90 % sont installées sur des logements. Le solaire en autoconsommation reste dominé par le secteur industriel, qui représente 61 % de la puissance installée contre 39 % pour le résidentiel. Au total, la filière a généré 4 564 GWh d’électricité ultra bas-carbone, soit 1,8 % de la demande espagnole en électricité en 2022.

Pour mieux saisir l’ampleur de ces données, il faut savoir que la puissance installée a été multipliée par 26 en 4 ans dans ce pays qui est le plus ensoleillé d’Europe. L’Espagne est passée de 4,8 GW à 7,5 GW de puissance solaire supplémentaire, entre 2021 et 2022 (+56 %), tous types d’installations confondues. Le rapport précise que l’installation photovoltaïque « type » en Espagne chez les particuliers développe une puissance de 4,6 kW, pour un investissement de 7 855 €.

Un mouvement européen favorable au photovoltaïque

Cet élan en faveur du solaire photovoltaïque ne touche pas uniquement l’Espagne. L’association SolarPower Europe a confirmé dans un rapport paru en décembre 2022 sur les perspectives européennes du marché de l’énergie solaire entre 2022 et 2026 que le secteur a surpassé toutes les projections en 2022. Dans le contexte de la crise européenne de l’énergie, le solaire a su tirer son épingle du jeu. Ainsi, au sein de l’Union européenne (UE), on a pu observer une hausse de + 47 % des installations solaires photovoltaïques par rapport à 2021. Ce sont 41,4 GW qui ont été connectés au réseau dans l’UE.

L’Espagne n’est d’ailleurs que seconde dans le classement du plus grand marché solaire d’Europe en 2022, avec 7,5 GW de capacité installée, juste derrière l’Allemagne (7,9 GW) et loin devant la France (2,7 GW) qui est cinquième. À noter que la France est le seul pays à accuser un recul de 3 % dans le domaine, passant de 2,8 GW à 2,7 GW de nouvelle puissance installée. Alors pourquoi le mouvement est-il si spectaculaire en Espagne ?

Un impôt sur le soleil ?

Si elle a pu limiter la flambée, l’Espagne a tout de même été touchée par la hausse des prix de l’énergie, ce qui a incité les consommateurs à investir dans le photovoltaïque. Mais ce n’est pas tout. Cette hausse fulgurante des installations n’est en réalité que la conséquence d’un rattrapage du secteur, freiné pendant plusieurs années par un « impôt sur le soleil ». Cette taxe pesait sur les installations photovoltaïques qui revendaient leur surplus de production au réseau. Le changement de politique à partir de 2018 et l’abandon de cette taxe ont convaincu les Espagnols d’investir.

L’association espagnole APPA renovables alerte toutefois sur le gaspillage de 1 067 GWh de production photovoltaïque par an dans le pays, soit l’équivalent de 160 millions d’euros. Ceci s’expliquerait par des contraintes réglementaires qui pèsent sur les plus grosses installations et qui empêchent l’utilisation de ce surplus par le réseau. Un potentiel inexploité dont le réseau pourrait tirer profit si la réglementation était revue.

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