Depuis ce 24 février 2022, il n’est plus possible de commander et gérer à distance près de 6000 éoliennes exploitées en Allemagne. La panne est due à une cyberattaque qui a ciblé le satellite de télécommunication KA-Sat appartenant à l’opérateur américain ViaSat.

L’événement s’est produit entre cinq et six heures du matin, au moment de l’entrée des troupes russes en Ukraine. Les canaux de communication opérés par ce satellite sont également utilisés par l’armée américaine en Europe ainsi que par de nombreux clients en Ukraine. Il ne fait donc aucun doute que l’attaque ait été menée par la Russie. « Depuis quelques jours, peu après le début des opérations en Ukraine, nous avons eu un réseau satellitaire qui couvre notamment l’Europe qui a été victime d’une cyberattaque, avec des dizaines de milliers de terminaux rendus inopérants immédiatement après cette attaque » a déclaré le général français Michel Friedling, lors d’un point presse organisé par le ministère de la Défense. La panne a aussi privé d’internet plusieurs milliers d’internautes européens dont plus de 9.000 abonnés d’une filiale d’Orange en France.

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Défaillance du système de contrôle à distance

Les éoliennes concernées ont toutes été construites par le turbinier allemand Enercon. Dans un communiqué, le fabriquant précise que 5.800 machines, totalisant une puissance de 11 GW, se sont mises en mode automatique après une défaillance du système de contrôle à distance de leur convertisseur d’énergie, mais elles continuent à produire de l’électricité et à l’injecter sur le réseau.

« Seul le système de communication vers les turbines est affecté. Cela signifie qu’en cas de panne, une réinitialisation ne peut pas être effectuée à distance ; une équipe technique devrait intervenir manuellement sur place », précise Enercon. Le problème pourrait devenir plus inquiétant en cas de tempête, car la mise à l’arrêt des parcs ne pourra probablement pas être commandée à distance.

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Après plus d’une semaine, les équipes appelées pour dépanner les parcs affectés par l’incident n’ont pas encore réussi à redémarrer les modems. La solution la plus rapide serait de les remplacer. Mais les stocks manquent, en raison de la pénurie de semi-conducteurs.

D’autres infrastructures vitales ne sont pas à l’abri des conséquences d’une pareille attaque sur les systèmes de télécommunications ou de commande. On pense par exemple aux hôpitaux, mais aussi aux centrales électriques et en particulier aux réacteurs nucléaires. Ces derniers jours des cyberattaques ont pris pour cible des installations portuaires, dont notamment des terminaux pétroliers, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Belgique.

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