Partout en Europe, les coûts de production de l’énergie éolienne sont en baisse. Tant pour les projets terrestres que ceux en mer.

Jusqu’à aujourd’hui, les exploitants de parcs éoliens terrestres bénéficiaient en France d’un prix d’achat de 72 €/MWh. Constatant une diminution globale des coûts de production, l’Etat français a procédé, en mai 2017, au lancement d’un premier appel d’offres pour mettre les projets en concurrence.

La procédure complète prévoit 6 périodes s’étalant sur 3 ans pour aboutir au final à l’installation de 3000 MW supplémentaires (sur les 13 559 MW installés que la France compte actuellement, selon les dernières données de RTE).

Une première sélection de 22 parcs éoliens de minimum 7 éoliennes dans 8 régions françaises totalisant 500 MW vient de s’achever. Le prix a été le seul critère de sélection.

Alors que le cahier de charges prévoyait un prix plafond de 74,8 €/MWh, les projets ont été adjugés à un prix moyen pondéré de 65,4 €/MWh. C’est près de 10% de moins que l’Etat français devra débourser pour chaque MWh produit.

Les exploitants bénéficieront d’un engagement de l’Etat de percevoir, pendant 20 ans, un complément de rémunération qui s’ajoutera au prix perçu sur le marché pour garantir le prix offert.

Les projets éoliens qui font l’objet d’un investissement participatif de la part des citoyens pourront en plus obtenir un bonus.

Comment s’explique cette baisse de prix ?

Selon Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, cette évolution est multifactorielle. Les résultats atteints reflètent à la fois la grande maturité de la filière, un coût du capital en baisse, la compétitivité sans cesse croissante, mais aussi l’évolution constante de la technologie éolienne.

Des rotors plus grands, des génératrices plus puissantes, mais surtout des mâts plus hauts permettent d’améliorer de 15 voire 20% les performances actuelles des éoliennes.

En offshore également

Depuis l’appel d’offres organisé par l’Allemagne en avril 2017 pour la construction d’un parc offshore de 332 MW (54 turbines Senvion M126 de 6,2 MW chacune) à 40 km des côtes allemandes, la tendance à la baisse du prix de l’éolien offshore n’a fait que se confirmer.

On se souvient que les deux géants du secteur éolien (le danois Dong Energy et l’Allemand EnBW) avaient remporté l’adjudication avec un prix de 0 €/MWh, ce qui signifie sans aucun mécanisme de soutien des autorités allemandes.

Aux Pays-Bas cette fois, c’est au prix de 54,5 €/MWh qu’un consortium, comprenant entre autres Shell et Eneco, remporta l’appel d’offres en 2017 pour la construction de deux parcs d’une capacité totale de 680 MW en Mer du Nord, alors que le prix était plafonné à 119,75 €/MWh.

Ces résultats tranchent toutefois nettement avec les niveaux de soutien accordés aux projets offshore en France, ce qui n’a pas manqué de provoquer des remous dans l’Hexagone.

En effet, en février de cette année, les autorités françaises ont accordé un soutien sur 20 ans de pas moins de 30 milliards d’euros aux 6 projets éoliens en mer, totalisant une capacité de 3000 MW.

Sur une base annuelle, cela revient à payer environ 147 €/MWh. Un prix relativement élevé puisqu’en 2017, la tendance se situait entre 50 et 80 euros le MWh produit.

Derrière cette générosité, il faut certainement voir la détermination de la France, souvent pointée du doigt par l’Europe, à combler son retard en matières d’énergies renouvelables.

La Belgique, par contre, n’a pas hésité à surfer sur la vague. En octobre 2017, constatant que les prix de l’éolien offshore étaient en chute au niveau européen, la Ministre fédérale de l’Energie, Marie-Christine Marghem, après concertation avec le Secrétaire d’Etat de la Mer du Nord, est parvenue à fixer le niveau de soutien des trois derniers projets à 79 €/MWh, alors que le prix accordé par le précédent gouvernement pour les 4 autres parcs offshore s’élevait à 138 €/MWh.

Face à une telle évolution des niveaux de prix, on peut se demander comment les développeurs de parcs offshore parviennent à s’engager sur de tels projets avec une telle diminution du niveau de soutien, voire sans aucun soutien financier comme c’est le cas en Allemagne.

Il faut d’abord savoir que les projets attribués en Allemagne ne verront pas le jour avant 2024-2025. En 7 ans de temps, beaucoup de paramètres vont évoluer.

La technologie continuera de s’améliorer : on annonce l’arrivée de machines dont la puissance atteindra 12 voire 15 MW (les éoliennes les plus puissantes actuelles atteignent 8,4 MW).

Ensuite, les développeurs disposeront de navires plus grands et mieux adaptés à la taille de leurs projets. L’offre des infrastructures portuaires sera également plus large, ce qui permettra des économies d’échelle.

Enfin, avec la fermeture de centrales nucléaires et le développement annoncé de la mobilité électrique, on peut s’attendre à ce que le prix de l’électricité parte à la hausse, ce qui assurera une meilleure rentabilité aux producteurs d’électricité, toutes technologies confondues.

La fourniture d’électricité éolienne est donc un sujet qui risque de faire couler encore beaucoup d’encre.