À quelques jours de sa mise en service, la centrale solaire photovoltaïque de Vitry-en-Charollais (Saône-et-Loire) a été presque entièrement détruite par la grêle. Normalement conçus pour résister à ce phénomène, les panneaux n’ont pas supporté les impacts des grêlons aux dimensions exceptionnelles.

Cultures ravagées, toitures pulvérisées, véhicules endommagés : la grêle est particulièrement sévère cet été en France. Au-delà de la répétition du phénomène, la taille des grêlons surprend. Il n’est plus rare de voir tomber du ciel des projectiles aussi gros que des balles de tennis. Les panneaux solaires photovoltaïques ne sont pas épargnés. S’ils sont conçus pour résister aux averses de grêle habituelles, ils ne peuvent rien contre les épisodes extrêmes.

21 000 panneaux à remplacer

La récente centrale photovoltaïque de Vitry-en-Charollais en a fait l’amère expérience. Alors qu’elle devait être branchée au réseau début juillet, une violente averse de grêle a criblé d’impacts 21 000 de ses 26 000 panneaux le 21 juin. Le lendemain, les dommages ont provoqué un court-circuit suivi d’un incendie rapidement circonscrit par les pompiers, rapporte la presse locale.

D’une puissance de 6,7 MWc, la centrale devait produire 7,6 GWh chaque année. « Les réparations seront conséquentes et prendront plusieurs mois » déplore Luxel, filiale d’EDF Renouvelables et exploitant du parc à France 3 Bourgogne Franche-Comté. D’autres sites ont été sévèrement touchés, comme cette ombrière photovoltaïque située à Ribérac en Dordogne.

La centrale photovoltaïque de Vitry-en-Charollais détruite par la grêle / Image : Luxel

Quelle limite de résistance à la grêle pour un panneau photovoltaïque ?

Ces sinistres sont le fruit d’épisodes de grêle particulièrement intenses. Lorsqu’il reste modéré, le phénomène ne cause habituellement aucun dommage aux panneaux photovoltaïques. Les fabricants garantissent d’ailleurs un certain niveau de résistance. Victron, un des leaders du marché, assure par exemple une résistance à la grêle jusqu’à une vitesse de chute de 23 m/s (83 km/h) et une accélération de 7,53 G.

Selon l’Association nationale d’études et de lutte contre les fléaux atmosphériques (ANELFA), cette vélocité correspond à des grêlons de 3 cm de diamètre, soit à peu-près autant qu’une noix. Une dimension supérieure à la moyenne d’après l’observatoire Keraunos. « Si la très grande majorité des grêlons ne dépassent pas 2 cm de diamètre, il arrive périodiquement que les chutes de grêle deviennent fortes (diamètre > 2 cm), voire violentes (diamètre > 5 cm) » explique le bureau d’études météo. Les panneaux photovoltaïques peuvent donc affronter sans risque la plupart des épisodes de grêle.

Le réchauffement climatique bouscule les normes

Or, les témoins des orages qui se sont abattus les 21 et 22 juin en Saône-et-Loire rapportent des grêlons aussi gros que « des balles de tennis ». D’un diamètre de 6 cm, ces projectiles chuteraient à une vitesse de 121 km/h d’après l’ANELFA, soit bien au-delà de la limite tolérée par les panneaux. L’intensité exceptionnelle du phénomène explique donc l’ampleur des dégâts.

Le réchauffement climatique bouleverse les standards. Les valeurs météo moyennes évoluent rapidement. Qu’il s’agisse des températures, de l’intensité des précipitations ou de la dimension des grêlons, l’inhabituel risque de devenir la norme. Comme les agriculteurs, fabricants de tuiles et autres produits exposés aux éléments, les constructeurs de panneaux photovoltaïques devront s’y adapter. Les assureurs, eux, n’hésiteront pas à augmenter le prix des cotisations, d’autant que la grêle est exclue de la garantie « catastrophes naturelles ».