Les matériaux qui constituent les batteries sont difficiles à approvisionner, mais ils sont aussi difficiles à recycler. Certains pourront estimer à juste titre que nous sommes en retard dans la filière de recyclage, et qu’il serait temps d’accélérer. Force est de constater que la filière progresse, avec l’exemple de cette usine pilote en Île-de-France.

Selon la technologie des batteries, les matériaux nécessaires à leur production sont différents : lithium, nickel, manganèse, cobalt… Toutefois, dans tous les cas, ce sont des substances qui n’ont rien de banal, et dont les gisements ne sont pas également répartis sur la planète. En conséquence, les enjeux liés à leur approvisionnement sont importants, notamment en termes de prix et de sécurisation.

Par ailleurs, à la fin de vie des batteries, ces dernières deviennent des déchets à traiter convenablement pour éviter toute pollution. Certains industriels y parviennent, en séparant les différents éléments qui composent une batterie, dont une grande partie est recyclable. C’est typiquement le cas de la « black mass » (que l’on peut traduire par « masse noire »), une poudre de couleur noire issue du démantèlement des batteries et du broyage de sa matière active.

Les deux sujets sont bien sûr intimement liés : une matière difficile à approvisionner trouvera d’autant plus facilement avantage à être obtenue par le recyclage. Les déchets deviennent en effet une précieuse ressource, dans le cadre d’une économie circulaire, en circuit fermé. Et c’est ce qui permet de penser que la « masse noire » pourrait devenir l’or noir de demain.

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Eramet lancé dans la course au recyclage des batteries

Eramet est un groupe minier français, réunissant un peu plus de 10 000 salariés sur 17 sites miniers et industriels répartis dans le monde. Le groupe exploite justement de gisements de ces matériaux spécifiques : lithium, nickel, cobalt, manganèse… Et le groupe vient d’inaugurer, au cours de ce mois de novembre, une usine pilote à Trappes destinée au recyclage des batteries.

Cette usine pilote est équipée par un procédé d’hydrométallurgie qui occupe une surface de 800 m². Ce procédé est destiné à recycler plus de 90 % les métaux stratégiques contenus dans les batteries. Eramet indique que ce recyclage pourra se faire à l’infini, au sein d’une filière en boucle fermée. Les intrants attendus sont constitués, non seulement de la black mass issue du recyclage des batteries, mais aussi des rebuts de production des usines de production de batteries. Elle produit des sels métalliques de grande pureté.

L’usine pilote permettra de valider le procédé à l’échelle 1/1000ᵉ d’une future usine de pleine capacité qui devrait être construite à Dunkerque. Ce projet est mené par Eramet, en partenariat avec Suez. Il a été outre lauréat du programme France 2030. Cette usine permettra de réduire la dépendance européenne en ce qui concerne l’importation des métaux stratégiques. La décision d’investissement devrait être prise d’ici fin 2024, pour un démarrage de l’usine en 2027.

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