Si l’on développe massivement les énergies renouvelables, il faut être en mesure de permettre leur intégration dans le réseau électrique sans le mettre en péril. L’Union européenne a pris conscience de ce risque, et envisage une banque spéciale pour développer le stockage de l’électricité.

La plupart des États de l’Union européenne affichent une avance sur leurs objectifs initiaux concernant la part du mix énergétique assuré par les énergies renouvelables pour 2020, fixés pays par pays [1]. Ils parviennent globalement à un taux de 22 % à fin 2020, d’après Eurostat. À fin mars 2023, le Parlement européen et les États membres ont convenu d’un nouvel objectif contraignant fixé à 42,5 % pour 2030.

Une telle cible implique près d’un doublement de la part des énergies renouvelables. Cet accord a été adopté par le Parlement européen le 12 septembre, puis formellement approuvé par la Commission Européenne le 23 septembre 2023.

Part des énergies renouvelables dans le mix des États-Membres de l’Union européenne / Image : Eurostat.

Les énergies renouvelables, notamment l’électricité d’origine solaire ou éolienne, sont intermittentes, et à ce titre leur impact sur l’équilibre du réseau électrique est croissant avec l’accroissement de leur part dans leur mix. En conséquence, la bonne gestion de l’intermittence est cruciale pour que le réseau soit en mesure d’accepter cet accroissement très significatif de la puissance installée d’énergie renouvelable.

Le stockage de l’électricité est une des manières de gérer le caractère aléatoire des renouvelables, et elle a bien été identifiée par les instances européennes. Paula Pinho, directive de la Sécurité Énergétique auprès de la Direction générale de l’Énergie de la Commission Européenne, a ainsi déclaré : « C’est un sujet brûlant à Bruxelles, nous voulons qu’il devienne un sujet brûlant partout dans l’UE. Nous n’avons pas fait assez dans ce domaine. ».

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Des besoins de stockage d’électricité colossaux en Europe

Il faut dire que les besoins sont énormes. D’après la Commission Européenne, en 2022, la puissance des installations de stockage a augmenté de 2,8 GW tandis que leur capacité a augmenté de 3,3 GWh. Pour 2030, dans le même rapport, la Commission cite des besoins s’élevant à 200 GW pour 2030 et 600 GW pour 2050.

Les besoins en capitaux pour financer ces nouvelles installations seront donc énormes. Et c’est ainsi qu’est mise sur la table la proposition de la création d’une « banque du stockage énergétique ». Cet organisme pourrait être établi sur le modèle de la banque de l’hydrogène. Cette dernière a été lancée en mars 2023, et a été dotée de trois milliards d’euros, dans l’objectif de financer des projets pilotes de production ou d’utilisation de l’hydrogène.

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Pourquoi pas ? Il apparaît toutefois que cette proposition n’en est qu’à ses débuts. L’idée a été émise par Patryk Demski, vice-président du producteur d’électricité polonais Tauron, et ce, lors d’un forum organisé par Euractiv le 21 septembre 2023 : « Je pense vraiment que nous avons besoin, si l’Union européenne est d’accord sur ce point, d’une « banque du stockage énergétique ». En matière d’hydrogène, l’annonce d’une banque publique a attiré les capitaux. »

[1] Ces objectifs ont été fixés par la Directive 2009/28/EC [lien].