Enedis a testé la limitation de puissance électrique sur 115 000 foyers situés dans le Puy-de-Dôme en février dernier, dans l’optique de mesurer la baisse des consommations envisageable en cas de pics de demande sur le réseau. Les résultats de cette expérimentation viennent d’être dévoilés.

Depuis l’hiver 2022/2023 qui a fait craindre des tensions sur le réseau électrique avec de possibles délestages, les pouvoirs publics s’interrogent sur de nouveaux moyens qui permettraient de faire face aux pics de consommation. En effet, à l’époque, la faible disponibilité du parc nucléaire couplée à un stock hydraulique très bas avait perturbé la production électrique sur le territoire. Les consommateurs avaient donc été mis en garde sur la nécessaire sobriété énergétique à adopter afin d’éviter des coupures d’alimentation.

Réduire la puissance du compteur Linky pour protéger le réseau électrique

Afin d’éviter de se retrouver à l’avenir dans ce genre de situation, les pouvoirs publics cherchent des solutions. Dans ce contexte, le gestionnaire du réseau public d’électricité Enedis a été sollicité afin de mener une expérimentation grandeur nature. Il s’agissait de réduire la puissance électrique d’un certain nombre de foyers pendant deux heures, en période hivernale.

Le test a été mené dans le Puy-de-Dôme auprès de 115 000 foyers qui ont été prévenus à l’avance et ont reçu une prime de 10 euros à ce titre. Le 15 février 2024, Enedis a donc procédé à distance à la limitation de puissance des compteurs Linky de ces foyers à hauteur de 3 kVA, pendant deux heures, soit de 7 h à 9 h, de 9 h à 11 h, ou encore de 18 h à 20 h, c’est-à-dire pendant les périodes de pics de consommation. À la fin des deux heures, la puissance souscrite a été automatiquement rétablie sur les compteurs.

La puissance de 3 kVA, appliquée pendant cette expérience, permet de bénéficier de suffisamment d’électricité pour les usages basiques tels que le fonctionnement du réfrigérateur, des lumières et de la box internet. Mais l’utilisation des appareils électroménagers énergivores tels que le lave-linge ou la mise en route du chauffage électrique n’est pas possible avec une puissance si faible.

Un test réussi qui a permis de faire baisser la consommation de 20 %

Le test a été réalisé sur la base du volontariat dans la zone concernée et Enedis a indiqué avoir reçu 10 000 refus uniquement alors que 115 000 foyers ont accepté de participer. Le jour de l’expérimentation, les services d’Enedis ont reçu quelque 150 appels téléphoniques de personnes n’ayant pas lu le courrier d’information et n’étant pas au courant du test, ce qui reste assez faible.

TF1 a annoncé les résultats de ce test en précisant que la consommation avait baissé de 20 % à cette occasion. À l’avenir, la mesure pourrait être appliquée sur l’ensemble du territoire, afin d’éviter un black-out généralisé qui toucherait tous les usagers sans distinction. Enedis a toutefois rappelé que cette mesure compléterait un arsenal complet déjà existant pour maintenir l’équilibre du réseau électrique : incitation à la sobriété énergétique, décalage du fonctionnement des ballons d’eau chaude pendant les heures creuses, baisse de tension de 5 % sur le réseau de distribution, effacement, etc.

Il faudra donc attendre la décision des pouvoirs publics pour savoir s’il faut s’attendre à une généralisation du dispositif. Pour l’heure, cela ne semble pas à l’ordre du jour notamment puisque le parc nucléaire se porte mieux qu’il y a deux ans. En outre, on a vu se développer ces dernières années un autre dispositif basé sur le volontariat des consommateurs. Il s’agit d’installer un boitier qui permet d’appliquer un effacement diffus de la consommation en éteignant les radiateurs électriques pendant quelques minutes en cas de tension sur le réseau. Cette opération est sans conséquence sur le confort des logements puisqu’elle est très brève et permet de faire baisser sensiblement la demande en électricité.