Plus de 10 000 tonnes de piles et petites batteries usagées sont collectées chaque année en France. Dans ce volume, un part non négligeable de piles non rechargeables pourrait être… rechargées, et ainsi retarder leur mise au rebus. C’est le pari d’une entreprise française qui a lancé un chargeur de piles non rechargeables. Nous l’avons testé.
Des millions de piles jetables partent chaque année à la poubelle ou au recyclage en France. Pourtant, certaines de ces piles estampillées « non rechargeables » pourraient être… rechargées. Si la start-up française Regenbox s’est emparé sérieusement du sujet, l’idée n’est pas nouvelle. Un brevet concernant la régénération des piles alcalines est déposé dans les années 1980 par le chimiste Karl Kordesh, et un premier chargeur est lancé en 1994, sans aucun succès commercial.
Deux décennies plus tard, le concept est déterré par une association, qui dévoile un chargeur à assembler soi-même, donc plutôt réservé aux initiés. Face à l’engouement, une entreprise, RegenFab, est créé pour commercialiser des chargeurs utilisables par tous. Nous avons pu tester la seconde version du chargeur grand public, la Regenbox V2.
Fabriqué en France à partir de composants de diverses origines, le petit boîtier en plastique recyclé peut accueillir quatre piles alcalines ou Ni-MH, de type AA ou AAA. Les piles salines, lithium et chlorure de zinc ne sont pas acceptées. L’appareil est doté d’un port USB-C pour l’alimentation en 5 V 1 A, via un chargeur non fourni (un chargeur de smartphone suffit). Son utilisation est très simple : il suffit d’insérer les piles. Quatre leds, une par emplacement, indiquent si la pile peut être rechargée ou non. Un voyant rouge et la pile est trop usée pour être régénérée. Un voyant jaune indique que la charge est lancée et un voyant vert annonce une pile neuve ou presque, ne nécessitant donc pas d’être rechargée.
Dépourvu d’écran, le chargeur ne fournit pas davantage d’informations. Impossible de connaître la résistance interne, la tension, ni la quantité d’électricité récupérée. Logique, l’objectif est de proposer un chargeur simple et dépouillé, utilisable par tous et à un prix abordable : 59 euros actuellement.
Pour le tester, nous avons fouillé nos tiroirs pour trouver de vieilles piles alcalines. Certaines se trouvent dans des jouets interactifs, dont les effets sonores faiblards traduisent la présence de piles en fin de course. Pour connaître l’efficacité de la Regenbox V2, nous avons mesuré la tension avant et après la charge. Le temps de charge est très variable, nous avons constaté entre 3 et 6 h, selon le niveau de décharge des piles, mais la marque annonce une durée allant jusqu’à 8 heures.
À noter que certaines piles n’ont tout simplement pas pu être rechargées (voyant rouge), souvent en raison d’une tension très faible (inférieure à 1 volt). La plupart de ces piles avaient d’ailleurs une date d’utilisation dépassée depuis plusieurs années. Étonnamment, une des piles affichant pourtant une tension très satisfaisante 1,398 V a aussi été refusée, le voyant restant rouge. Nous avons également remarqué un léger dysfonctionnement à l’insertion d’une pile AA très usée (tension inférieure à 1 V et résistance supérieure à 1000 Ω) : le voyant du chargeur est resté blanc, grésillant, et la charge ne s’est jamais lancée.
À l’inverse, une autre pile AA indiquant une tension particulièrement faible de 1 V a pu être régénérée jusqu’à 1,362 V. La dégradation chimique des accumulateurs est un phénomène assez complexe et dépendant d’un grand nombre de facteurs, ce qui explique le caractère très aléatoire de leur régénération. Sur son site, Regenfab explique que la régénération est effectuée par « micro pulsations », contrairement aux chargeurs de piles rechargeables qui fonctionnent à tension constante. « Avec un courant pulsé, il y a une succession de temps d’injection du courant et de temps de repos (courant nul). Cela réduit donc le risque de dendrites (formation de grands cristaux pouvant court-circuiter la pile, NDLR) ». La charge s’effectue d’ailleurs à une intensité très faible : 40 milliampères (mA).
Pile | Tension de départ | Tension d’arrivée |
Alcaline AA Duracell |
1,004 V |
1,362 V |
Alcaline AA Tronic |
1,33 V |
1,434 V |
Alcaline AAA Tronic |
1,206 V |
1,453 V |
Alcaline AAA Tronic |
1,207 V |
1,426 V |
Alcaline AAA sans marque |
< 1 V |
Charge refusée (led rouge) |
Alcaline AA Kodak |
1,398 V |
Charge refusée (led rouge) |
Alcaline AA Ansmann |
< 1 V |
Charge refusée (led blanche grésillante) |
Finalement, pour recharger trois piles insérées simultanément (2 AAA et 1 AA), il nous aura fallu un total de six heures. L’appareil a consommé 61 Wh pour faire passer nos piles AAA de 1,2 à 1,45 V. L’unique pile AA est remontée de 1,33 à 1,434 V. Impossible, toutefois, de retrouver la tension à neuf, généralement située entre 1,5 et 1,6 V. Qu’importe, nos piles, à nouveau insérées dans le jouet interactif (un livre audio), leur ont offert un nouveau souffle. L’objet fonctionne comme au premier jour, et semble avoir conservé la même énergie depuis un mois d’utilisation quasi quotidienne. Toutefois, la tension de ces deux piles AAA a chuté respectivement à 1,342 et 1,356 V, contre 1,453 et 1,426 après régénération.
La plupart des objets nécessitant une puissance importante (lampe torche, radio…) étant désormais équipés de batteries lithium-ion rechargeables, nous n’avons pas pu tester l’endurance des piles alcalines régénérées en conditions « extrêmes ». Bien que régénérables, les vieilles piles alcalines ont une chimie irrémédiablement affectée. Ainsi, nous ne sommes pas certains qu’elles puissent fournir à nouveau de fortes puissances sur de longues durées. Elles restent cependant idéales pour un usage en seconde vie dans des télécommandes et petits appareils peu gourmands. Selon Regenfab, les piles pourraient être régénérées jusqu’à une dizaine de fois.
➡️ Cet essai a été réalisé librement par un journaliste de Révolution Énergétique.
➡️ Le produit testé nous a été envoyé gratuitement par la marque, à notre initiative et sans contreparties.
➡️ Dans cet article, les liens vers le produit ne sont pas affiliés. Nous ne percevons aucune commission à l’achat du produit.
La suite de votre contenu après cette annonce
Notre Newsletter
Ne ratez plus les dernières actualités énergetiques
S'inscrire gratuitement
Annonce partenaire
Annonce partenaire
Annonce partenaire
Annonce partenaire
Batteries : vers une crise mondiale de surproduction ?
Actualité1 septembre 2025
Annonce partenaire