L’Italie a cessé d’exploiter ses centrales nucléaires depuis maintenant plus de trois décennies. Mais dans l’objectif de privilégier un mix moins carboné et plus diversifié, elle envisage désormais de renouer avec cette source d’énergie. Dans cette optique, le pays a officiellement entamé des discussions pour la réintégration du nucléaire.

Afin d’atteindre son objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050, l’Italie envisage une transformation majeure de son mix énergétique. En intégrant progressivement les renouvelables, elle prévoit d’abandonner de manière successive le charbon, le pétrole et le gaz. Toutefois, face à l’importance de la demande énergétique et à la variabilité de production éolienne, solaire et même hydroélectrique, le pays envisage également de réintroduire le nucléaire.

Pour rappel, en 1987, l’Italie avait choisi d’abandonner l’énergie nucléaire en fermant ses quatre centrales existantes et en arrêtant un grand projet en cours. Cette décision avait été motivée par un référendum largement influencé par l’émotion mondiale suite à l’accident de la centrale de Tchernobyl en 1986. Les images terrifiantes et les récits de cette tragédie ont déclenché une méfiance généralisée envers le nucléaire.

En 2011 – autre année noire pour le nucléaire – et malgré les ambitions gouvernementales de réintroduire l’atome, les citoyens italiens avaient réaffirmé leur opposition lors d’un second référendum. Cependant, cette année marque un possible tournant. En mai, la Chambre des députés a approuvé une motion favorisant un éventuel retour à l’énergie nucléaire, engageant l’État à soutenir la recherche dans ce domaine. Suite à cet accord, le gouvernement, ainsi que des acteurs de la filière, ont entamé des discussions.

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Une « Plateforme nationale pour un nucléaire durable »

Face aux défis de la décarbonation et de la sécurité énergétique, l’Italie mise sur une diversification de ses sources d’énergie, en intégrant notamment le nucléaire. Dans cette perspective, le ministère de l’Environnement a ainsi créé la « Plateforme nationale pour le nucléaire durable ». La première réunion des membres, dirigée par le ministre de l’Environnement Gilberto Pichetto Fratin, s’est tenue le 21 septembre dernier.

La plateforme rassemble divers acteurs du secteur : entités publiques, universitaires, associations scientifiques, investisseurs dans le domaine nucléaire, et experts en sûreté et en démantèlement nucléaires. Elle vise à établir des directives claires sur une durée prévisionnelle de neuf mois, et à concevoir une stratégie pour le retour progressif du nucléaire comme étant un des piliers énergétiques majeurs du pays. Outre la définition de directives, la plateforme ambitionne de mettre en place un plan d’action et de suivi rigoureux. Un volet essentiel de sa mission consistera également à sensibiliser et à éduquer le grand public pour une meilleure appréhension et acceptation sociale du nucléaire.

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De nouvelles technologies nucléaires

Dans sa stratégie, l’Italie veut se focaliser exclusivement sur les avancées technologiques en matière de nucléaire. Ainsi, les centrales de troisième génération seront écartées. À la place, la Botte porte un vif intérêt aux petits réacteurs modulaires (SMR ou small modular reactor). Ces unités, conçues et préassemblées en usine avant d’être installées sur site, auraient une capacité de 50 à 300 MW. Elles se distinguent par leur faible coût et des délais de construction annoncés comme nettement réduits par rapport aux centrales conventionnelles.

L’Italie envisage aussi l’intégration de réacteurs de quatrième génération, vantés pour leur sécurité renforcée et leur moindre production de déchets comparée aux réacteurs plus anciens. La fusion nucléaire fait également partie des technologies que le gouvernement souhaite encourager.

Sans surprise, cette décision n’a pas tardé à susciter des réactions de la part des écologistes qui ont rapidement manifesté leur désaccord. Les opposants mettent l’accent sur les coûts élevés associés aux investissements dans l’énergie nucléaire, suggérant que ceux-ci seront insoutenables pour les familles et les entreprises italiennes. Ils évoquent également l’absence de solutions concrètes liées à la gestion des déchets radioactifs. En outre, un des représentants souligne que cette décision ne respecterait pas la volonté populaire en rappelant les référendums portés en 1987 et en 2011, lors desquels la majorité des Italiens ont voté contre le nucléaire.