AccueilHydrauliqueAussi puissant que 4 réacteurs nucléaires : le plus grand barrage hydroélectrique d'Afrique est en service

Aussi puissant que 4 réacteurs nucléaires : le plus grand barrage hydroélectrique d'Afrique est en service

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Par Kevin CHAMPEAUPublié le 11 septembre 2025
Le grand barrage de la Renaissance en Éthiopie / Image : Webuild.

Le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique vient d’être inauguré sur le Nil Bleu, en Éthiopie. L’ouvrage, d’une puissance de 5 150 MW, permettra à plusieurs dizaines de millions de personnes d’accéder à l’électricité. Néanmoins, il suscite les critiques de deux pays situés en aval, en particulier l’Égypte.

L’Éthiopie vient de célébrer en grandes pompes la mise en service du barrage de la Renaissance, la plus grande centrale hydroélectrique du continent, qui affiche une puissance de 5,15 GW. Pour dompter le débit du puissant Nil Bleu, il aura fallu créer une retenue de 170 mètres de haut pour 2 km de large, qui crée un réservoir d’une superficie de 1874 kilomètres carrés. Au total, grâce à ses 13 turbines, il se place parmi les 20 barrages les plus puissants du monde, même s’il ne représente qu’un quart de la puissance des Trois Gorges, en Chine. Pour construire un tel édifice, il aura fallu presque 5 milliards de dollars d’investissement et 14 ans de travaux.

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Un doublement de la puissance électrique du pays

Les 5,15 GW de la centrale devraient permettre de doubler les capacités de production électrique du deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, qui compte 130 millions d’habitants. Jusqu’à aujourd’hui, près de 45 % de la population éthiopienne n’avait pas accès à l’électricité. La situation devrait donc être amenée à changer, puisque selon certaines estimations, le barrage pourrait alimenter entre 30 et 40 millions d’habitants. Ce barrage vient confirmer un mix électrique déjà largement dominé par l’énergie hydraulique qui représente 96 % de la production électrique du pays.

Des tensions avec l’Égypte

Si l’inauguration a fait l’objet de nombreuses festivités avec feu d’artifice géant, essaims de drones et félicitations en tout genre, tout le monde ne voit pas ce barrage d’un bon œil, en particulier en Égypte. Le pays, qui se situe en aval, le qualifie de menace existentielle et craint de potentielles baisses de débit du Nil, qui remplit 97 % des besoins hydriques du pays, en particulier pour l’agriculture. Or, le barrage de la Renaissance (GERD) se trouve sur le Nil bleu, qui fournit lui-même 85 % des eaux du Nil. La situation est telle que le ministre des Affaires étrangères égyptien a écrit au conseil de sécurité des Nations Unies en évoquant une violation des lois internationales.

Du côté de l’Éthiopie, on se veut plutôt rassurant. La société Webuild, qui a mené les travaux de construction du barrage, a rappelé que le barrage libère de l’eau pour produire de l’électricité, mais n’en consomme pas contrairement à des systèmes d’irrigation. Jouant la carte de l’apaisement, Abiy Ahmed a assuré que le barrage n’affecterait en rien le développement des pays en aval.

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