AccueilHydrauliqueAutoroute française limitée à 90 km/h à cause d'un « champ magnétique » : on vous explique pourquoi

Autoroute française limitée à 90 km/h à cause d'un « champ magnétique » : on vous explique pourquoi

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Par Kevin CHAMPEAUPublié le 21 août 2025
Le panneau « Champ magnétique » sur l'A43 à Saint-Jean-de-Maurienne / Image : Google Maps.

Si l’on en croit ce panneau, l’autoroute A43, qui court le long de la vallée d’Arc (Savoie), traverse un champ magnétique si puissant qu’il est nécessaire de ralentir quand on s’y approche. Mais celui-ci n’a rien de surnaturel. Il doit sa présence à la proximité d’une usine centenaire, qui a joué un rôle important dans l’histoire de l’industrie française. 

Si vous avez visité la Savoie cet été, vous avez peut-être longé Saint-Jean-de-Maurienne via l’autoroute A43. Auquel cas, vos yeux se sont peut-être écarquillés à la vue d’un panneau indiquant une limitation de vitesse à 90 km/h pour cause de « champ magnétique ». Ce panneau, plutôt surprenant, s’explique par la présence, le long de cette portion d’autoroute, de l’usine Trimet, qui fabrique de l’aluminium.

Créée en 1907, elle produit près de 145 000 tonnes d’aluminium chaque année grâce à une technique plus que centenaire : l’électrolyse. Celle-ci, mise au point par l’ingénieur français Paul Héroult en 1886, consiste à soumettre l’alumine, une poudre blanche obtenue par raffinage de la bauxite, à un fort courant électrique. Dans cette situation, les éléments qui constituent l’alumine se séparent : les ions d’oxygène migrent vers l’électrode positive tandis que les ions d’aluminium migrent vers l’électrode négative, permettant l’obtention d’aluminium pur.

Lorsqu’elle a été inventée à la fin du XIXe siècle, cette technique a rapidement pris son essor dans la vallée de la Maurienne, où l’électricité était abondante grâce à l’hydroélectricité. Dans la première moitié du XXe siècle, la vallée aura ainsi compté jusqu’à six fonderies d’aluminium.

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Un impact direct sur les appareils électroniques

Aujourd’hui, une seule usine subsiste et se compose de 120 cuves AP30 et 60 cuves AP18. Si l’acronyme « AP » correspond à « Aluminium Pechiney », le nombre qui suit correspond à l’intensité du courant électrique employé dans chaque cuve, en dizaine de milliers d’Ampère (A). Comprenez donc 120 cuves de 300 000 A et 60 cuves de 180 000 A. C’est à peu-près autant que l’intensité mesurée au passage de la foudre !

Cette intensité électrique considérable génère un très fort champ magnétique, capable de dérégler les appareils électroniques sensibles. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder la récente vidéo du vidéaste Monsieur Bidouille, dont la caméra perd complètement les pédales lors de sa visite du site, à proximité des cuves d’électrolyse.

Ce type de champ magnétique peut dérégler les montres, démagnétiser les cartes bancaires, ou même abimer les pacemakers, d’autant plus lorsque la variation est brutale. Si l’intensité d’un champ magnétique diminue très fortement avec la distance, sur l’autoroute A43, le principe de précaution a été appliqué à la lettre. Ainsi, réduire sa vitesse à l’approche de l’usine permet de limiter les éventuels effets délétères de son champ magnétique sur les appareils.

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