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Électricité à prix négatifs : comment les parcs éoliens en mer français n'y participeront plus

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Par Miotisoa RANDRIANARISOAPublié le 10 juin 2025
Le parc éolien en mer de Saint-Brieuc / Image : RE.

Les trois premiers parcs éoliens en mer de France devront désormais interrompre leur production lorsque les prix de l’électricité deviennent négatifs. Cette décision a été prise afin de limiter les impacts sur les finances publiques.

Dans son bilan électrique 2024, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité (RTE) fait état de 359 heures durant lesquelles les prix de gros de l’électricité sont passés en dessous de zéro. Le phénomène est devenu de plus en plus fréquent à mesure que les énergies renouvelables s’intègrent dans le mix électrique. Pour rappel, les prix négatifs sont le reflet d’un marché en déséquilibre, où l’offre dépasse largement la demande. C’est, par exemple, le lorsque des vents puissants gonflent la production des éoliennes alors que la consommation reste faible.

Ce mécanisme entraîne naturellement des pertes. Pour limiter leur impact sur les finances publiques, le ministère de l’Industrie et de l’Énergie a annoncé le 2 juin dernier une mesure importante. Désormais, les parcs éoliens en mer de Saint-Nazaire, de Fécamp et de Saint-Brieuc, seront incités à arrêter leur production lors de ces plages de prix négatifs.

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Des pertes dues au contrat d’achat

Comme c’est le cas pour de nombreuses centrales renouvelables, ces trois parcs éoliens en mer sont soutenus par un contrat d’achat. Autrement dit, ils sont insensibles aux variations du marché, et continuent de produire quel que soit le prix. L’électricité produite est contractuellement rachetée à un tarif fixe, avant d’être revendue sur le marché de gros. Faute de capacités de stockage, la production doit impérativement y être écoulée, quitte à être cédée gratuitement, voire à un prix négatif. Ce mécanisme pèse directement sur les finances publiques. D’ailleurs, d’après l’estimation de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), rien qu’au premier semestre 2024, les pertes durant les périodes de prix négatif ont atteint les 80 millions d’euros.

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Arrêt de production en période de prix négatif

Le Gouvernement cherche ainsi à limiter ces pertes en ayant engagé des discussions avec les producteurs concernés. À l’issue de ces échanges, les parties prenantes ont signé « des avenants à leur contrat d’achat d’électricité, qui permettent de solliciter l’arrêt de tout ou d’une partie de la production du parc en période de prix négatif », précise le ministère.

En contrepartie, les producteurs bénéficient d’une compensation équivalente à l’électricité qui aurait été générée durant l’arrêt. Le ministère précise par ailleurs que les nouveaux contrats de soutien aux renouvelables prendront désormais la forme d’un complément de rémunération, afin que les producteurs s’adaptent mieux aux signaux du marché. Cette nouvelle mesure a déjà pris effet durant le weekend du 10 et 11 mai dernier.

Pour les installations terrestres les plus puissantes, des dispositions similaires à celles mises en place pour l’offshore ont été introduites dans la loi de finances 2025.

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