2,7 milliards d’euros. Voilà le coût estimé par RTE pour raccorder le futur plus grand parc éolien français au réseau électrique national. Colossal, ce chiffre s’explique pourtant par de nombreuses différences techniques par rapport aux raccordements réalisés jusqu’à présent.
Peu à peu, les contours du parc éolien en mer Centre Manche 1 (CM1 pour les intimes) commencent à se dessiner. Celui que l’on pourrait considérer comme le premier des « grands parcs » éoliens offshore, avec sa puissance de 1,05 GW, devrait être mis en service en 2032, à une trentaine de kilomètres au large des côtes du Cotentin. Parmi les plus importants défis de ce projet, le raccordement tient une place de choix. D’ailleurs, depuis le 2 septembre, une enquête publique permet aux citoyens de donner leur avis sur ce raccordement, qui devrait permettre l’acheminement de l’électricité depuis le parc jusqu’au poste de transformation de Menuel, situé dans la petite commune de L’étang-Bertrand.
Parmi les documents fournis à l’occasion de cette enquête publique, le mémoire descriptif partage de nouvelles indications sur le coût du projet et de son raccordement. On y apprend que l’État français estime le coût du projet dans sa globalité, c’est-à-dire des parcs Centre Manche 1 et Centre Manche 2, entre 8 et 10 milliards d’euros. Cette enveloppe inclurait un total de 2,7 milliards d’euros pour le seul raccordement de Centrale Manche 1 !
Ce chiffre a de quoi surprendre, en particulier quand on le compare au montant des raccordements de parcs comme celui de Saint-Brieuc ou de Fécamp, qui avoisinaient les 260 millions d’euros en 2020.
Néanmoins, à y regarder de plus près, plusieurs facteurs expliquent ce bond colossal entre les 259 millions d’euros investis par RTE pour le parc Ailes Marines et les 2,7 milliards envisagés pour Centre Manche 1. D’abord, la puissance de CM1 devrait dépasser le gigawatt, ce qui représente le double du parc de Saint-Brieuc.
Outre la puissance importante du parc, la distance de raccordement maximale du CM1 dépasserait les 100 km avec 75 km de liaison sous-marine et 35 km de liaison souterraine. De ce fait, le choix d’un raccordement de type HVDC s’est imposé afin de ne pas avoir à composer avec la gestion de l’énergie réactive, une forme d’énergie inhérente au courant alternatif, qui devient problématique sur des câbles de longues distances. Or, si une liaison en courant continu coûte généralement moins cher qu’une liaison dimensionnée pour le courant alternatif, les stations de conversion qu’elle nécessite de part et d’autres sont très onéreuses. D’ailleurs, compte tenu de ce choix technologique, et contrairement à d’autres projets éoliens offshore, c’est RTE qui a la charge de financer et construction la sous-station du parc CM1, ce qui modifie considérablement son périmètre d’intervention, et donc le coût correspondant.
À lire aussiSa maison est autonome en électricité car le raccordement au réseau coûte trop cherLors d’une précédente estimation, le coût de raccordement du parc CM1 avait été estimé entre 1,3 et 1,7 milliard d’euros. Il semblerait que cette hausse, qui reste très importante, soit due à une analyse plus poussée des conditions bathymétriques et géologiques du tracé à couvrir, mais également à la hausse de prix des matières premières. Enfin, une partie du système de raccordement a été mutualisée pour anticiper le déploiement du futur parc Centre Manche 2 qui sera située à proximité directe du premier parc.
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