
Les centres de données américains gourmands en électricité misent sur… des réacteurs d’avion, adaptés en générateurs. Carburant au gaz, cette électricité est très carbonée pour répondre à leur soif sans limite.
La start-up américaine Boom, connue pour son projet d’avion supersonique Overture (qui n’a pas encore volé), se lance sur un autre marché qui n’était pas logique de prime abord. À y regarder de plus près, on comprend mieux pourquoi l’entreprise a levé 300 millions de dollars pour industrialiser Superpower, une turbine à gaz dérivée de son moteur Symphony. Elle alimente directement des centres de données énergivores sans dépendre d’un réseau électrique souvent saturé ou trop lent à se renforcer.
Chaque turbine pourrait fournir 42 mégawatts (MW) d’électricité en continu sans eau de refroidissement, même par fortes chaleurs. En fait, la startup vient répondre à l’explosion de la consommation d’électricité (taille du raccordement, fiabilité de l’alimentation…) causé par l’essor des datacenters. Boom a déjà signé un contrat avec la start-up Crusoe pour la livraison de 29 turbines totalisant 1,2 gigawatts (GW) de puissance sur le projet Stargate d’OpenAI et d’Oracle au Texas. Les premières livraisons sont prévues en 2027.
Boom n’est pas seule sur ce segment. La société ProEnergy reconvertit d’anciens réacteurs d’Airbus A310 ou de Boeing 767 en centrales électriques temporaires capables de produire jusqu’à 48 MW chacune. Une vingtaine de ces turbines issues des avions fonctionnent déjà sur des sites texans.
À lire aussiDes réacteurs d’avions sauvent-ils vraiment le réseau électrique belge ?Ces solutions sont pensées comme transitoires : cinq à sept ans, le temps de raccorder les datacenters au réseau. En partie pour qu’elles soient mieux acceptées et parce que l’électricité peut être plus chère à produire. Si le business est florissant, cette action n’est pas sans conséquence sur les émissions de gaz à effet de serre. Comme le rappelle Jean-Marc Jancovici sur LinkedIn, « tout ce qui peut permettre de les alimenter en électricité est bon à prendre » pour les géants du numérique, quitte à recourir massivement au gaz.
Le problème, souligne-t-il avec les fuites liées à son extraction et à son transport, est que « le gaz est, par unité d’énergie, un peu moins émissif que le charbon mais autant que le pétrole ».
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