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Les méduses forcent l'arrêt de la centrale de Gravelines

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Par Ugo PETRUZZIPublié le 15 août 2025
En arrière plan, centrale de Gravelines vue de la mer / Image : Ralf Bächle, via Wikimedia, modifié par : RE

Le 10 août, une invasion de méduses a frappé la centrale nucléaire de Gravelines. Et les conséquences ne sont pas anodines : le système de refroidissement n’a pas pu continuer à fonctionner normalement, forçant l’arrêt de plusieurs réacteurs. Un épisode rare provoqué par un phénomène biologique amplifié par le réchauffement climatique.

Le 10 août, les tambours filtrants de la centrale nucléaire de Gravelines (département du Nord) ont commencé à saturer sous un flot compact et gluant : des bancs entiers de méduses, charriés par la mer du Nord, se sont engouffrés dans les stations de pompage, bouchant l’arrivée d’eau nécessaire au refroidissement des réacteurs. Les dispositifs de sécurité ont immédiatement stoppé les quatre unités qui étaient en production – les deux autres réacteurs étaient déjà à l’arrêt pour maintenance. Résultat : plus aucun mégawatt produit sur le site, qui fournit habituellement près de 6 % de l’électricité française.

Le phénomène n’est pas nouveau. Gravelines avait déjà connu une perturbation gélatineuse en 1993. Mais cette fois, l’ampleur est autre : la température élevée de l’eau, la raréfaction des prédateurs naturels et la prolifération d’espèces invasives — comme la méduse lune d’Asie, installée dans la mer du Nord depuis 2020 — offrent un cocktail idéal à ces perturbations.

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Un réacteur a pu redémarrer

Le 13 août à 7 h 30, EDF a réussi à relancer le réacteur six. Les unités deux, trois et quatre doivent suivre dans les prochains jours et les réacteurs un et cinq poursuivent leur maintenance. Aucune conséquence sur la sûreté ou l’environnement n’a été constatée.

Gravelines n’est pas un cas isolé. En 2011, la centrale écossaise de Torness avait dû fermer pour la même raison. En 2013, le réacteur 3 de la centrale nucléaire suédoise d’Oskarshamnun avait été arrêté après une invasion. Le Japon, la Chine, les États-Unis ou encore les Philippines ont eux aussi subi ces assauts silencieux. Pour limiter ces perturbations, certains laboratoires développent des systèmes de détection précoce capables d’anticiper la présence de méduses avant qu’elles n’atteignent les grilles de pompage, relève le Guardian.

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