
Les petits réacteurs modulaires (SMR) ont le vent en poupe. Mais la France et l’Europe ont pris du retard, et la question de la sévérité de ce retard se pose pour une filière qui connaît des difficultés importantes. Dans un rapport tout juste publié, la Commission de régulation de l’énergie se montre toutefois optimiste.
Nous relations précédemment l’explosion du nombre de projets de SMR : dans le monde, ce sont ainsi pas moins de 127 concepts qui sont en cours de développement, voire dont la construction a débuté. La France et l’Europe ne font pas figure d’exceptions, avec respectivement 10 et 20 projets. Une telle abondance de l’offre laisse craindre toutefois une phase de correction sévère, surtout si les investissements privés et les soutiens publics s’amenuisent. Et aujourd’hui, l’avenir est menaçant pour de nombreux projets. Dernièrement, Naarea et Newcleo ont annoncé, respectivement, un placement en redressement judiciaire et des difficultés de trésorerie.
Si aujourd’hui les SMR sont soutenus par les lois stratégiques françaises en matière de souveraineté énergétique, dont notamment la PPE, la fragilité de la situation a été révélée par les tentatives régulières de supprimer les objectifs qui leur étaient liés, et ce au travers d’amendements à l’Assemblée nationale – non définitivement adoptés jusqu’à maintenant. Dans ce contexte, alors que les États-Unis et la Chine semblent prendre de l’avance, la France et l’Europe parviendront-elles à ne pas se retrouver à la traîne ?
À lire aussiMini réacteurs nucléaires : une bulle proche de l’explosion ?Oui, selon la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Dans un tout nouveau rapport sur le sujet, la CRE estime qu’il est encore temps et que la France et l’Europe peuvent encore tirer leur épingle du jeu. En effet, les SMR concurrents les plus en avance n’ont pas encore atteint le seuil en nombre permettant de déclencher l’effet de série sur les coûts de construction – et c’est après tout la promesse-clé justifiant l’intérêt de cette catégorie de réacteurs.
La CRE indique également que l’échelle économique pertinente pour le déploiement de tels réacteurs est celle de l’Europe. Et notamment en ce qui concerne l’alimentation de réseaux de chaleur urbains, domaine dans lequel les SMR pourraient tirer leur épingle du jeu du fait de leur petite taille, et de leurs caractéristiques de sûreté nucléaire. Pour ce faire, la CRE préconise de revenir sur la réglementation européenne qui impose un taux minimal d’énergie renouvelable pour déclencher des subventions et des avantages fiscaux – un point qui n’est pas sans rappeler les très difficiles négociations au niveau européen concernant l’origine de l’électricité.
À lire aussiMéga subvention pour le mini réacteur nucléaire SMR français Nuward d’EDFLa Commission rappelle également toute l’importance du financement de la phase prototype des réacteurs, laquelle représente environ un milliard d’euros. Elle défend en outre que les SMR pourraient contribuer à la décarbonation des secteurs où elle est la plus difficile, à savoir la chaleur industrielle au-delà de 300 °C, et ce à l’horizon 2040-2050 ; à ce titre, elle estime stratégique la sécurisation des sources d’approvisionnement et surtout d’enrichissement, du combustible nucléaire destiné aux SMR avancés.
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