Décidément, l’année 2025 ne restera pas dans les mémoires pour le développement de l’éolien en France. Aucun développeur n’a voulu répondre à l’appel d’offre AO7 pour cause de prix trop bas, et de difficultés techniques trop importantes.
On le voyait venir depuis plusieurs mois, mais c’est désormais officiel : l’appel d’offre AO7, portant sur la construction d’un parc éolien en mer de 1 GW au large de l’île d’Oléron, a été déclaré infructueux. À la clôture du dépôt des offres, le 2 avril dernier, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) n’avait reçu aucun dossier sur son bureau. Et pour cause, au fil des mois, les 9 candidats, présélectionnés en 2023, se sont tour à tour désistés, parmi lesquels : Total Energies, RWE, Skyborn Cobra, Iberdrola, Qair, EDF ou encore Engie via Ocean Winds.
Cette situation s’explique notamment par les caractéristiques spécifiques de ce projet qui doit être construit, rappelons-le, à 40 km des côtes au large de l’île d’Oléron. D’une puissance totale de 1 gigawatt (GW), il doit être composé de 35 à 70 éoliennes pour un budget compris entre 1,5 et 3 milliards d’euros.
Selon la CRE, qui a consulté les différents candidats pour en apprendre plus sur les raisons de cet échec, les conditions propres au site d’Oléron ont beaucoup pesé dans la balance. En effet, le projet présente des conditions bathymétriques rares en grande profondeur. Comprenez que s’il avait été mené à bien dans ces conditions, il serait devenu le parc éolien posé le plus profond du monde, avec des profondeurs pouvant atteindre les 70 mètres. À titre de comparaison, le fond marin du parc de Saint-Nazaire est compris entre 12 et 25 m de la surface. Le projet aurait donc nécessité « des solutions technologiques non réplicables sur d’autres projets ». De plus, le site fait face à des contraintes météo-océaniques fortes. L’ensemble de ces spécificités ont été jugées incompatibles avec le prix fixé par l’appel d’offre, à savoir 100 €/MWh.
À lire aussiÉolien en mer : la carte des parcs et projets en FranceMais pour l’éolien en mer français, le mal est plus profond, en témoigne le déroulement du parc AO8 dont la remise des offres et la délibération ont eu lieu simultanément à l’AO7. Seules deux entreprises ont répondu à ce parc situé dans la Manche. La situation fait également écho à l’appel d’offre du parc Bretagne-sud, pour lequel le gagnant s’était désisté au dernier moment.
Dans sa délibération concernant AO7 et AO8, la CRE fait mention de plusieurs facteurs qui expliquent la faible participation aux procédures, et au manque de réponse aux parcs éoliens offshore. Parmi ces facteurs, on retrouve sans surprise la hausse des coûts d’approvisionnement qui peut atteindre 40 %, rien que pour la fourniture des turbines. D’ailleurs, les porteurs de projet ont indiqué que la faible compétition concernant la fabrication européenne de turbines nuit à la compétitivité de celles-ci. Plus surprenant, il semblerait que les conditions de raccordement prévues par les cahiers des charges limitent le choix des aérogénérateurs compatibles, la tension de raccordement étant fixée à 132 kV. Ils évoquent également des incertitudes concernant l’impact sur les projets d’éventuelles contraintes militaires, ainsi que l’impact des mesures de protection de la biodiversité.
D’un point de vue plus administratif, les porteurs de projets dénoncent un délai trop important entre la remise des offres, et le bouclage financier, ainsi que la place trop importante laissée au prix dans la notation définitive.
Pour assurer un plus grand taux de réponses aux prochains appels d’offres, la CRE et le ministère de l’Énergie et de l’Industrie vont vraisemblablement devoir prendre en compte ces problématiques et faire évoluer les conditions des cahiers des charges. Concernant le futur parc Oléron 1, il semblerait que le recours à de l’éolien flottant pour une nouvelle procédure de mise en concurrence soit envisagée.
La suite de votre contenu après cette annonce
Notre Newsletter
Ne ratez plus les dernières actualités énergetiques
S'inscrire gratuitement