Définitivement fermée en 2015, la centrale à charbon d’Uskmouth au Pays-de-Galles (Royaume-Uni) sera prochainement remplacée par une grande batterie stationnaire. D’une puissance de 230 MW, elle disposera de 460 MWh de capacité de stockage pour stabiliser le réseau électrique britannique.

La batterie de stockage sera construite sur le site de la centrale au charbon d’Uskmouth, à l’ouest de la Grande-Bretagne. Elle profitera de l’infrastructure électrique de l’ancienne centrale à charbon, définitivement fermée en 2015, pour injecter ses 230 MW de puissance sur le réseau public.

Quinbrook, l’opérateur, a acquis les droits pour le développement du projet auprès de la société Simec Atlantis Energy. D’une capacité de 460 MWh, l’unité de stockage doit être opérationnelle dès la fin de 2024. Pour la conception et le développement du projet, Quinbrook s’est associée avec Energy Optimisation Solutions (EOS).

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Une des plus puissantes batteries de stockage

Au Royaume-Uni, deux autres unités de stockage par batteries, plus puissantes, sont programmées dans un futur proche. La première, développée par l’énergéticien canadien Amp Energy, se composera de deux unités de 400 MW chacune, situées de part et d’autres des côtes est et ouest de l’Écosse centrale. Elles pourront délivrer annuellement 1 750 MWh d’électricité renouvelable.

La seconde, d’une puissance de 360 MW, est située dans le Wiltshire, sur la côte est de la Grande-Bretagne. Elle est développée par Sembcorp Energy UK. À Uskmouth, le projet de construction de Quinbrook exige une modification de l’autorisation de connexion au réseau ainsi qu’une demande de permis d’urbanisme auprès du conseil municipal de la ville de Newport.

Afin de maximiser les performances de l’unité de stockage d’Uskmouth, Quinbrook fera appel à Habitat Energy, un bureau d’études spécialisé dans l’optimisation des systèmes de stockage par batteries. Quinbrook veille également à minimiser l’impact écologique lié à la phase de construction. L’investisseur veut privilégier le tissu économique et les entrepreneurs locaux, et utilisera autant que possible la ligne ferroviaire existante afin de limiter les émissions de dioxyde de carbone liées au transport lors du chantier.

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À quoi servira la giga-batterie d’Uksmouth ?

« Si le système de production d’énergie du Royaume-Uni doit atteindre son objectif en 2030 (une production d’électricité décarbonée à 95%, ndlr), la solution du stockage par batteries va devoir se développer de manière considérable pour faire face aux besoins urgents en matière de stabilité et de flexibilité du réseau », explique Rory Quinlan, co-fondateur et administrateur-délégué de Quinbrook. « Il est prévu qu’à l’horizon 2030, 10% de la capacité du réseau britannique soient fournis par le stockage par batteries, ce qui implique que de nouveaux investissements devront être consentis à hauteur d’environ 23 milliards d’euros ». ajoute t-il.

L’avantage d’une grosse batterie comme celle qui sera construite à Uskmouth, est qu’elle détecte automatiquement les variations de fréquences et réagit instantanément à la hausse comme à la baisse, de manière à assurer un équilibre parfait entre injections et prélèvements. Elle sera donc très efficace pour intégrer les productions d’énergie éolienne et solaire, mais également pour assurer l’équilibre du réseau en cas de panne inopinée d’une centrale ou d’une autre unité de production.

En période de production excédentaire d’énergie renouvelable, comme lors d’une tempête traversant l’Europe, les prix sont très faibles voire négatifs. Ils sont en tout cas inférieurs aux coûts de production des centrales thermiques. Ce qui implique que ces dernières n’ont pas d’intérêt économique à fonctionner durant ces épisodes venteux et qu’elles ne sont dès lors pas disponibles pour assurer la stabilité du réseau. Cette situation crée dès lors un risque de blackout sur le réseau public.

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Le mariage de Kate et William aurait pu causer un blackout

Pour mieux comprendre les défis auxquels sont soumis les gestionnaires d’équilibre, il faut se souvenir du mariage princier de Kate et William, célébré le 29 avril 2011. Ce jour-là, des millions de Britanniques sont rivés à leur petit écran pour ne pas perdre une seule seconde de la fastueuse cérémonie princière. À 13h40, juste après l’arrivée du carrosse ramenant les jeunes mariés au palais de Buckingham, mais avant le traditionnel baiser au balcon du palais, une pause-publicité interrompt la rediffusion.

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Un million de bouilloires électriques sont alors branchées simultanément pour préparer une tasse de thé bien britannique. Cette consommation nationale entraîne une demande soudaine de 2 400 MW. Il s’agit de la quatrième plus forte hausse de consommation à la suite d’un événement télévisé jamais enregistrée par le National Grid, le réseau britannique d’électricité.

Lorsque William et Kate se sont embrassés pour la première fois en public, la consommation d’électricité a brutalement chuté de 3 000 MW, l’équivalent de trois réacteurs nucléaires. Cet épisode montre à quel point certains événements imprévisibles peuvent mettre le réseau électrique à rude épreuve, et exige des capacités de production ou de stockage capables de faire face à des sursauts brutaux de la demande d’électricité.

Uskmouth est l’exemple-type de projet de grande ampleur qu’un investisseur spécialisé dans les infrastructures énergétiques peut concrétiser et qui peut ainsi contribuer efficacement à la transition énergétique.

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