« Bornes to be Wild », c’est le nom qu’aurait pu donner Zunder à ses nouvelles bornes de recharge ultrarapides, qui se veulent 100 % autonomes grâce à l’association de panneaux solaires et de batteries. Cette combinaison leur permet d’être implantées partout, ou presque, car une condition prédomine : il faut du soleil, beaucoup de soleil, de vastes surfaces de panneaux photovoltaïques et de puissants accumulateurs.

Si vous possédez une voiture électrique et que vous avez l’habitude de passer vos vacances en Espagne, le nom Zunder vous dit peut-être quelque chose. Et pour cause, il s’agit du plus grand opérateur indépendant de stations de recharge ultra-rapide de la péninsule ibérique. Forte de ses 235 stations, l’entreprise fondée en 2017 cherche à développer le plus rapidement possible un réseau performant et fiable à travers le sud de l’Europe, y compris en France.

Pour accélérer ce déploiement, l’opérateur s’est associé à Capital Energy, une entreprise espagnole spécialisée dans les énergies renouvelables, pour mettre au point des stations de recharge totalement autonomes, grâce à la « magie » du soleil… et de batteries. Pour parvenir théoriquement à cette indépendance énergétique, les stations sont recouvertes d’un auvent photovoltaïque, ainsi que les locaux attenants qui renferment les équipements techniques. Ces panneaux solaires sont associés à un certain nombre de batteries qui permettent d’assurer une continuité de service peu importe les conditions météo.

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La firme n’a toutefois pas communiqué les caractéristiques techniques détaillées de ses stations. Elle évoque simplement une capacité de batterie située entre 500 et 1 000 kWh selon les stations. Au regard de la superficie relativement faible des panneaux solaires visibles sur les images fournies par Zunder, atteindre une totale autonomie énergétique semble assez peu probable dans le cas d’une utilisation soutenue de la station, et malgré la présence de batteries.

Selon nos calculs, une surface de panneaux de 9 kWc (qui parait correspondre aux visuels présentés) produirait, dans le sud de l’Espagne, 45 kWh chaque jour en moyenne. Cette quantité d’énergie est inférieure à la capacité de batterie d’une seule voiture électrique de type citadine telle que la Renault Zoé ou la Peugeot e-208 (52 kWh). « En principe, les conditions d’ensoleillement des emplacements choisis permettent aux batteries de recharger suffisamment pour faire face au flux de véhicules dans cette zone » défend Arnaud Foucher, le directeur marketing de Zunder France. « Néanmoins, la possibilité de conditions moins favorables (et donc une capacité de recharge limitée) nous a conduit à proposer un tarif plus avantageux dans ces stations. Une station dont les batteries seraient vides serait bien entendu indiquée indisponible sur notre application et celles des opérateurs interopérés » explique-t-il.

« Les 3 stations sont, à terme, destinées à être raccordées au réseau, et les batteries sont mobiles, aussi il nous sera possible d’en optimiser l’usage au fil du temps pour gagner en réactivité et répondre au mieux aux besoins des utilisateurs : ouverture anticipée d’une nouvelle station, augmentation ponctuelle de la puissance disponible sur une station donnée en période de flux (vacances, événements…). D’autres formes d’exploitation de ces batteries sont également envisagées à l’avenir » conclut le responsable.

Pour l’heure, Zunder vient de mettre en service 3 stations de recharge : une dans la province de Segovie, une autre dans celle de Caceres et enfin une dernière en Navarre. Selon Zunder, celles-ci disposent de 4 à 8 points de recharge pour une puissance pouvant atteindre 300 kW. Une quarantaine de stations du même type devraient voir le jour un peu partout en Espagne.

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Une solution technique difficile à appliquer en France ?

L’installation de bornes 100 % autonomes en énergie pourrait être un véritable tournant dans le développement de vastes réseaux de recharge, mais cette solution pourrait bien être plus compliquée à implanter en France qu’en Espagne. Et oui, pour produire de l’électricité à partir de cellules photovoltaïques, il faut du soleil. Et à ce compte-là, la situation de la France est très inégale, en particulier face à l’Espagne.

À titre d’exemple, la station, située dans la province de Ségovie, reçoit en moyenne 2 951 heures d’ensoleillement par an. En France, aucune ville n’atteint un tel taux d’ensoleillement. Seul Toulon (Var) et ses environs s’en approchent avec en moyenne 2 917 heures de soleil par an. Si on remonte géographiquement à travers la France, ce taux d’ensoleillement baisse radicalement, dépassant à peine 2 000 heures à Lyon, et 1 800 heures à Paris. Le nord de la France est le plus mal loti avec seulement 1 641 heures d’ensoleillement à Lille.

Néanmoins, d’autres solutions pourraient être développées pour accroître la surface de panneaux disponible par borne de recharge, et ainsi permettre l’autonomie de stations de recharge. C’est ce sur quoi travaille la startup DHP Technology, qui devrait déployer sa technologie de centrale solaire rétractable appelée Horizon sur 45 aires de repos en Suisse. Néanmoins, ce type d’installation sera nécessairement moins avantageux d’un point de vue financier.

[Article mis à jour le 27/10/23]