L’agence de la transition écologique (Ademe) a publié une étude portant sur le secteur du bâtiment et de l’immobilier entre 2020 et 2023. On y apprend notamment que la crise du Covid a incité les Français à investir dans des installations solaires pour l’autoconsommation.

La période 2020-2023 a été marquée par plusieurs événements : la crise sanitaire du Covid, l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la reprise économique post-Covid et la flambée des prix de l’énergie. Ces épisodes ont eu une incidence sur le secteur de l’immobilier en France. C’est ce que l’Ademe a voulu étudier dans son dernier rapport disponible en ligne.

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Le boom de l’autoconsommation solaire va de pair avec l’intérêt des Français pour les résidences secondaires

L’agence note d’abord que la crise sanitaire a poussé les Français à investir dans des maisons secondaires situées en zone rurale. Et sous l’effet de la crise, les propriétaires de résidences secondaires ont déclaré utiliser davantage ces biens immobiliers. Le rapport évoque à ce sujet le phénomène de bi-résidence, qui est tout de même à relativiser puisque les travailleurs ne sont pas nombreux à partager leur quotidien entre résidence principale et secondaire.

Mais les crises qui ont traversé la période 2020-2023 ont également eu un impact sur l’autoconsommation énergétique. Le rapport cite les chiffres des installations photovoltaïques qui sont passées de 100 000 en 4 ans chez les particuliers à 150 000 installations en 6 mois à la sortie de la pandémie. Cette explosion de l’autoconsommation solaire est souvent associée à une sensibilité environnementale, mais aussi à l’achat ou à la rénovation énergétique par des citadins d’une maison située en région. En effet, au moment d’investir dans l’immobilier en zone rurale, « les rénovations de ces maisons se sont parfois accompagnées de la mise en place de panneaux solaires pour viser un certain niveau d’autonomie énergétique ».

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Le développement du marché photovoltaïque freiné par les capacités d’absorption du secteur

L’autoconsommation solaire ne doit pas son développement uniquement à la crise sanitaire qui a poussé les citadins à investir dans l’immobilier à la campagne. Il y a aussi la croissance du marché photovoltaïque qui a permis de proposer de nombreuses solutions solaires aux particuliers. Le discours des pouvoirs publics sur la sobriété énergétique ainsi que la flambée des prix de l’énergie ont également joué un rôle dans la vague d’installations solaires.

Et on ne parle pas d’une mode éphémère puisque l’Ademe précise qu’en 2023, le boom de l’autoconsommation ne s’est pas estompé, bien au contraire. L’agence a enregistré une accélération des installations. Finalement, le rapport note que le secteur s’est trouvé limité par la capacité d’absorption de la filière, « avec des délais d’installation d’un an ou plus pour certains installateurs, voire des refus de prises d’affaires ». L’indisponibilité des professionnels a conduit certains particuliers à installer eux-mêmes leur centrale solaire.

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Le développement du marché devrait se poursuivre

L’Ademe prédit pour l’avenir un renforcement de cette tendance, sous l’effet « des offres agressives de certains sites de e-commerces » et de « l’engagement récent des enseignes de GSB (grandes surfaces de bricolage) sur ce marché ». On pense ici notamment au développement ces dernières années des kits plug and play qui permettent de se lancer dans l’autoconsommation facilement avec un petit budget, ceci sans intervention d’un professionnel pour l’installation, grâce à un simple branchement sur une prise domestique.

Le rapport est optimiste sur l’avenir du marché, du fait notamment de la croissance du secteur des véhicules électriques et de l’évolution des tarifs de l’électricité. Toutefois, l’Ademe souligne que la France reste à la traîne par rapport à d’autres pays. Quand on se félicite de 150 000 installations solaires en France, il y en a eu 2 millions en Allemagne, selon le rapport. Disponible gratuitement sur le site de l’Ademe, l’étude a demandé 15 mois d’analyses pour passer au crible le secteur immobilier résidentiel, mais aussi celui des bâtiments tertiaires et professionnels. Des entretiens et des tables rondes avec les particuliers et les professionnels ont permis de dresser un panorama complet de la filière de l’immobilier pendant ces trois années.